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La morale socratique

L’ARGUMENT

La finalité de la maïeutique socratique est d’éclairer les consciences afin que dans la pratique les valeurs véritables se distinguent des fausses. Aujourd’hui plus qu’hier, la caverne est partout envahissante et la tentation d’un suicide moral permanente. D’où l’intérêt socio-pédagogique de la socratologie[1].  La discipline de vie initiée par Socrate peut- elle aider à combattre les comportements compromettants ?

L’objectif est de questionner notre quotidien à la lumière de la pensée de Socrate.

Socrate est un moraliste qui a vécu au IV è siècle avant J.C. Il n’a rien écrit. Pourtant sa pensée traverse les siècles et s’invite partout où les ressorts de la perversité emprisonnent la conscience et pourrissent les comportements. La vie et la mort de Socrate sont liées. Il est mort comme il a vécu, mieux, il est mort pour ce qu’il a vécu. La morale qu’il s’est donnée et qu’il a léguée à l’histoire enseigne la vie vertueuse. Sa pratique exige une discipline de vie, une rigueur psycho-axiologique, un sacrifice spiritualisant. Le salut historique de l’homme ne passe-t-il pas avant tout par la qualité de son âme ? Les déviances dévoilent la nécessité d’une maïeutisation de nos comportements. Maïeutiser son être, c’est le rendre meilleur, c’est le perfectionner.

Armand Cuvillier, dans le Nouveau vocabulaire philosophique, définit la morale au sens éthique comme « une théorie générale conçue sous forme normative, de l’action humaine en tant qu’elle est soumise au devoir et a pour but le bien »[2].

Notre travail a trois parties. La première expose brièvement la maïeutique socratique. La deuxième s’arrête sur quelques comportements falsifiés, visibles aujourd’hui dans notre société. La dernière partie est une critique de la morale socratique à la lumière de la sophistique et du nihilisme.

I – LA MAÏEUTIQUE SOCRATIQUE

« Socrate, en harcelant les Athéniens comme un taon, les empêchait de dormir et de se reposer dans les solutions morales, sociales, toutes faites ».  Jean Brun, Socrate, P.u.f, Paris, 1960, p.38.

Contrairement à la plupart de ses devanciers qui faisaient du cosmos le centre de leurs pensées, Socrate va choisir de placer l’homme au cœur de la réflexion philosophique. C’est l’homme, tel qu’il se déploie dans son quotidien qui intéresse le maître de Platon. Socrate invente la maïeutique pour  ébranler, secouer cet homme qui, dans ses choix de vie, prend souvent l’irréalité pour la réalité, la sensibilité pour l’intelligibilité. La vérité, la justice, le bien, sont voilés par l’ignorance, la suffisance, l’orgueil, la volonté de nuire, la volonté de domination ou d’assujettissement des autres. Il faut démasquer ces travers. Cela passe par la dilution des encombrements. C’est à cette tâche que s’attèle la maïeutique : la désaliénation des consciences afin que la lumière humanisante triomphe de l’animalisante obscurité. Menon, Calliclès, Polos, Gorgias pour ne citer que ceux-là ont fait les frais du questionnement heuristique socratique. Menon parle  de l’effet de la torpille !

La maïeutique, c’est l’accouchement spirituel. C’est l’art de faire accoucher  les esprits. Comme tout processus d’enfantement, la maïeutique s’accompagne de douleurs, de « craintes et de tremblements », pour parler comme  Kierkegaard. Et c’est ici qu’apparaît la magie du dialogue, exercice psychologique vivant qui oblige l’interlocuteur à se défaire de ses préjugés et à fouiller lucidement dans son intériorité. C’est cette vertu pédagogique de la maïeutique qui amène Socrate à préférer le dialogue à la rhétorique. (Cf. le III. La critique de la morale socratique). Comment faire comprendre à l’autre qui vit dans l’illusion de l’érudition qu’il ne sait en réalité rien ? Comment faire savoir à l’autre qui aime le mensonge et la corruption qu’il est possible de vivre autrement ? Comment faire comprendre à l’autre qui soutient que la fin justifie les moyens que les moyens malhonnêtes chassent peut-être la faim (F.A.I.M.), mais pour une fin morale tragique parce qu’avilissante ? Socrate ne ménageait aucun effort pour faire comprendre à ses concitoyens les bienfaits de la vertu. Il affirme : « il y a quelque chose de plus qu’humain dans le fait que j’ai négligé toutes mes affaires et que je les laisse en souffrance depuis tant d’années pour m’occuper sans cesse des vôtres, m’approchant de chacun de vous en particulier, comme un père ou un frère aîné, et le pressant de s’appliquer à la vertu »[3].

Nos contresens, nos déviances, nos perversions, nos égarements contraires à l’éthique, bref nos immoralités convoquent en réalité Socrate. Eloignée de l’intempérance et de la volupté, orientée vers le perfectionnement permanent de l’âme, sa vie pure et saine nous parle. Socrate ne polluait pas son être de beuverie et de goinfrerie. Ce qui lui donnait une admirable santé physique. Socrate n’a jamais insulté personne. Même pas sa femme Xanthippe dont le caractère difficile est connu de tous. L’ironie qu’il injectait dans ses dialogues visait à faire prendre conscience à l’autre des limites de sa réflexion. Elle n’avait pas pour but de le blesser moralement. Jean Brun remarque que l’ironie socratique est «  l’exercice d’un talent satirique » et non « l’expression d’un désir de dénigrement »[4]. Avis que partage Romano Guardini pour qui l’ironie socratique « ne vise pas à disqualifier l’autre, mais à l’aider. Elle veut le libérer et l’ouvrir à la vérité »[5].

Il importe de distinguer l’ironie profonde et critique de Socrate de l’ironie superficielle et fausse des sophistes. Ils se prennent très au sérieux. Mais il s’agit d’un faux sérieux parce que bluffant : « Les interlocuteurs de Socrate, comme Hippias qui sait tout faire , comme Protagoras qui se donne pour un professeur de vertu, Calliclès ou Thrasymaque qui pensent fonder une morale et une politique sur le « droit » du plus fort, ne sont pas des ironistes, ce sont au contraire des personnages qui se prennent au sérieux afin que les autres les y  prennent également. Mais leur  sérieux est un faux-sérieux, un sérieux non-sérieux, un sérieux qui n’est pas sérieusement sérieux. Et c’est à ce sérieux-là que s’attaque l’ironie socratique »[6].

Socrate avait le respect de la chose d’autrui. Impossible de l’imaginer en train de prendre ce qui ne lui appartient pas. Socrate n’a jamais tué personne. Il n’a jamais participé au meurtre de personne. Quand le gouvernement oligarchique de Trente décide de tuer Léon de Salamine pour des raisons politico-financières, il est choisi pour faire parti de la délégation de 05 personnes devant l’arrêter (question sûrement d’acheter sa conscience et de le ranger). Mais chemin faisant, Socrate décide en toute conscience de se désolidariser du groupe, mettant ainsi sa propre vie en danger[7].  Aux yeux de Socrate, il n’y a rien de pus capital que la vie humaine, que la promotion de la vie, dans une dialectique existentielle fondée sur le profond respect réciproque des uns et des autres, pour l’harmonie souhaitée de la communauté. Sur un ton socratique, et parlant de la valorisation de la transcendance humaine, le philosophe Pius Ondoua fait savoir que « ce qui est essentiel, c’est l’homme, valeur par essence et non valeur marchande au service d’intérêts négateurs de l’humain. Ce qui est essentiel c’est que l’homme, dans une société réconciliée avec elle-même, l’homme, maître de lui-même, s’attelle à la construction de l’histoire, à la création de la vie, au modelage alternatif d’un monde qui serait le lieu de déploiement de sa transcendance. S’il faut philosopher, n’est-ce pas pour faire triompher cette transcendance de l’homme, grâce à une articulation réussie de l’universel et du particulier, de la plurielleté et de l’identité ? »[8].

Socrate n’a jamais corrompu personne. Il lui a été officiellement reproché entre autres choses de corrompre la jeunesse. Ce qui lui a valu un procès. Suivi d’une exécution. Accusation fausse parce que ses enseignements, loin de pervertir les jeunes, les cultivaient et élargissaient leur horizon intellectuel. La preuve, la qualité de la vie et  la grandeur de l’œuvre de l’un de ces jeunes, Platon, sont mondialement connues et respectées. La vie exemplaire de Socrate nous parle, nous qui, pour une raison ou une autre, choisissons d’enfermer notre liberté et notre dignité dans l’immoralité.  C’est cette  exemplarité qui a fait dire à  Vladimir Jankélévitch que « Socrate est la conscience des Athéniens, tout ensemble leur bonne et mauvaise conscience ; c’est-à-dire qu’on retrouve dans sa fonction la disparité propre aux effets de l’ironie, selon que celle-ci nous délivre de nos erreurs ou nous prive de nos croyances »[9].

Toute  société  doit avoir sa ou ses consciences moralisantes, ses vigiles éclairés.  Afin que les comportements compromettants soient constamment dénoncés et repoussés.

II –  LES COMPORTEMENTS AUJOURD’HUI COMPROMETTANTS

« Toute la vie humaine est tombée au fond du mensonge ».   Friedrich Nietzsche, Humain, trop humain, I, Un livre pour esprits libres, Gallimard, Paris, 1988, p. 58.

Elargissons notre champ de vision. Etendons notre curiosité. Explorons socratiquement notre société. Que remarquons-nous ?

L’insulte facile

Aujourd’hui chez nous, votre semblable vous dit « imbécile » comme s’il vous disait « bonjour ». Dans les marchés, les stades, les lieux de service, les cimetières, les funérailles, les écoles ; dans les taxis, les gares… la violence verbale est quasi-permanente. Les jeunes insultent les vieux qui le leur rendent bien. Au point où on est en droit de se demander si l’ancienne éducation morale aujourd’hui baptisée éducation  à la citoyenneté est résolument dépassée. Hier on apprenait aux jeunes à la maison et à l’école l’art de s’adresser aux aînés, l’art de les respecter. Par exemple que le jeune qui croise son aîné sur une piste étroite devait s’éclipser légèrement pour laisser passer l’ancien, par signe de respect. Aujourd’hui, dans les mêmes circonstances, c’est le cadet qui menace l’aîné du regard et insiste, même par la bousculade, à passer en premier.

Revenons à l’insulte. Que n’entendons-nous pas, dans les rues ou dans les écoles ? Imbécile, idiot, fainéant, malade…  Le vocabulaire injurieux est dense. Son emploi se conjugue à tous les temps,  et  ne semble plus surprendre. Je suis dans un taxi qui doit relier deux points de la ville de Douala. A mi-chemin le taximan qui nous précède gare brusquement pour déposer un client. Le temps du remboursement se prolonge. Notre taximan s’énerve. Il ne peut pas engager la marche arrière, car la file s’est constituée. Quand le taximan qui a gêné démarre, le nôtre multiplie des efforts pour le rattraper, le fait et lui lance sèchement : « Ta mère ! ».  Tous les autres passagers se mettent à rire.  Je lui demande naïvement si ce qu’il vient de dire est bien. Il me répond durement que le taximan gêneur le mérite.  Le gêné a la cinquantaine sonnée. Voilà ce qui peut sortir de la bouche d’un parent censé éduquer les enfants !

L’insulte est une pollution morale. Tout comme le mensonge.

Le mensonge

Mentir, c’est dire une contre-vérité. On peut mentir par plaisir ou pour obtenir une faveur ou un bien. On peut mentir à soi-même. Ce que Sartre appelle la mauvaise foi. C’est le cas du garçon de café qui joue à être garçon de café afin de bien épouser son rôle. Il doit sourire aux clients même quand à la maison son ménage bat de l’aile. Sartre écrit : « Pour celui qui pratique la mauvaise foi, il s’agit bien de masquer une vérité déplaisante ou de présenter comme une vérité une erreur plaisante. La mauvaise foi a donc en apparence la structure du mensonge. Seulement, ce qui change tout, c’est que dans la mauvaise foi, c’est à moi-même que je masque la vérité. Ainsi, la dualité du trompeur et du trompé n’existe pas ici » [10].

On peut mentir aux autres. Ici, la dualité du trompeur et du trompé dont parle Sartre existe. Cette seconde forme de mensonge est très pratiquée.  Cyniquement, sadiquement, on ment pour justifier un retour tardif à la maison, on ment pour obtenir une promotion professionnelle, on ment  pour gagner la confiance des électeurs en temps de campagne électorale. On ment lorsqu’on fait croire à son pasteur qu’on est un fils de Dieu alors qu’on est un coureur de jupons ou un détourneur de fonds publics. On ment lorsqu’on fait comprendre au fidèle malade que c’est les prières répétées qui guérissent et non la prise des médicaments. On ment lorsqu’on fait croire à un homme que par la prière, sa femme décédée va revenir à la vie physique comme Lazare, le ressuscité de Béthanie. Dans la vision de Socrate, le mensonge est une arme de destruction, exactement comme la corruption.

La corruption

Tout comme le mensonge, la corruption est une perversion. Socrate situe le mensonge et la corruption dans le monde sensible, dans la caverne. Corrompre, c’est avilir, prostituer, dénaturer, falsifier. La corruption est multiforme. Elle est mentale, physique, intellectuelle, économique, politique… Il y a le corrupteur,  Il ya le corrompu. Tous les deux sont coupables. L’électeur qui vend sa conscience à l’homme politique est coupable de la pratique de la corruption tout comme celui qui achète. La jeune fille qui vend son charme est aussi coupable de la pratique de la corruption que le monsieur qui achète ses faveurs. Celui qui reçoit de l’argent pour un service public gratuit est aussi coupable que celui qui lui en donne. C’est vrai que sur la balance, celui qui impose le payement d’un service gratuit est plus coupable parce qu’il soumet le demandeur à la tentation. Il l’oblige, directement ou par détours, à violer sa conscience. Toujours est-il que la finalité est la même : la perversion de l’esprit. A l’origine de la corruption se trouve très souvent la volonté d’accumuler par tous les moyens les biens matériels, pour les besoins du paraître. Or Socrate nous rappelle que « ce ne sont pas les richesses qui donnent la vertu, mais que c’est de la vertu que proviennent les richesses et tout ce qui est avantageux, soit aux particuliers, soit à l’Etat » [11]. Dans le même sens, NJOH MOUELLE nous invite au respect des valeurs nobles qui seules construisent durablement la société. Pour Njoh Mouelle, autour de nous, des valeurs matérielles relatives éclipsent progressivement les valeurs intellectuelles absolues. Dans une conférence donnée le 17 avril 2013 sur « La crise des valeurs », il soutient qu’ « à côté des valeurs économiques, valeurs matérielles et pratiques, il faut faire un sort particulier aux valeurs de l’esprit ou encore aux valeurs intellectuelles qui s’expriment dans la quête des connaissances et l’ouverture libre à la culture des autres. A côté de ces valeurs intellectuelles il faut refaire toute leur place aux valeurs nobles du travail et de l’effort, bien malmenées aujourd’hui par la recherche des raccourcis et des chemins de la facilité qu’embrassent ceux qui transforment en valeur absolue leur soif effrénée d’arriver et de conquérir la richesse et la reconnaissance sociale » [12].

Aujourd’hui, autour de nous, on se corrompt, on corrompt, on fait corrompre, on se fait corrompre. Le bal de la corruption se danse bien. On se corrompt en faisant semblant d’être vertueux, honnête. On se ment donc à soi-même. Sartre parlerait de la mauvaise foi. On corrompt en étendant directement comme par une sorte de contagion sa corruption à l’autre. On fait corrompre et on se fait corrompre en introduisant des intermédiaires conscients ou non dans le réseau tentaculaire de la corruption qu’on entretient et qu’on contrôle. Un pays dans lequel ce type de réseau se multiplie ne peut que ressembler à un capharnaüm en proie à une insécurité permanente. Njoh Mouelle remarque que « le laxisme et la corruption représentent une cause indéniable de l’insécurité dans les pays en voie de développement et en particulier en Afrique »[13].

La corruption est un mal, un crime. Elle pollue les rapports sociaux, menace la méritocratie donc la solide construction de la nation. Dans un système corrompu, plus rien n’est pris au sérieux. Ce qui est blanc devient noir et vice-versa. La confusion est totale. Elle profite aux pêcheurs en eaux troubles. La lumière de l’esprit, qui fonctionne comme une boussole qui indique le Nord de l’existence [14], pour reprendre Ebénézer Njoh Mouelle, est ici méprisée et combattue. L’obscurité est prisée parce qu’elle ouvre la porte à toutes les aliénations. C’est pour s’être engagé dans la lutte contre cette obscurité et ces aliénations que Socrate est exécuté. Mais sa mort indique le chemin de la vie. De la vie loyale, honnête, vertueuse, royale. De la vie humaine. De cet humanisme qui grandit l’homme et le rapproche des dieux. Mille et une attitudes révèlent la bête, donc le mal qui sommeille en l’homme. Ce mal rampant, tentaculaire, qui illusionne et qui enchaîne l’être humain dans la sensibilité. Le combat contre le mal est sempiternel.

Ce qui donne raison à Njoh Mouelle qui conclut en se référant à Platon que « le mythe de la caverne est éternellement vrai » [15]. Est vrai également, autour de nous, cette attitude curieuse, que le philosophe de l’excellence nomme « le solidarisme ».

Le solidarisme

Les rapports humains reposent entre autres sur l’entraide et la coopération. La solidarité rapproche les hommes. Mais cette solidarité n’est  plénière que si elle est réciproque. Une solidarité à sens unique est vicieuse parce qu’ici l’un attend tout de l’autre qui lui donne tout. Cet unilatéralisme est de nature à ruiner la confiance. C’est cette solidarité à sens unique que Njoh Mouelle nomme « le solidarisme ». Il est, dit-il, un pourrissement de la vraie solidarité : « Le solidarisme, comme pourrissement de la vraie solidarité est aujourd’hui un mal, celui-là même qu’on dénomme ‘‘parasitisme social’’. Il n’est pas une valeur traditionnelle qu’on puisse entreprendre de sauver des assauts du modernisme. Le solidarisme est au contraire un frein au développement. Le favoriser équivaudrait à favoriser l’existence d’un type d’homme qui se caractériserait par la paresse, le refus de tout effort et, pour tout résumer, la démission de toute responsabilité vis-à-vis de soi-même et vis- à-vis des autres » [16].

Le solidariste refuse de rentrer dans la saine compétition qui permet aux êtres de s’exceller, de se fortifier, et d’éviter l’abjecte dépendance. La solidarité suppose la complémentarité. Ce qui signifie que celui qui reçoit doit se donner les moyens de se hisser au niveau de celui qui donne. Si on reçoit n fois sans en donner une seule fois, ou en donnant très peu, on doit avoir honte de soi-même et comprendre qu’on s’est embarqué dans une relation sans lendemain. Ne dit-on pas que la main qui sait donner sait recevoir ?

C’est également ainsi qu’Aristote présente l’amitié dans Ethique de Nicomaque [17].  Selon lui, l’amitié est fondée sur la réciprocité des échanges. Elle tient donc compte du niveau social des êtres en présence. De ce point de vue, un pauvre qui est l’ami d’un riche ne peut que subir. C’est vrai qu’il est possible de spéculer sur le niveau de pauvreté et de richesse !

Si la solidarité est un appel à l’effort, le solidarisme est une invite à la paresse. Tout comme Njoh Mouelle, Socrate ne pouvait que condamner pareil comportement, lui qui enseignait le respect de soi dans l’interaction positive. Faut-il, pour la satisfaction d’un besoin quelconque, prostituer sa liberté et sa fierté ? Socrate pense que non. Il faut apprendre à avoir honte, à avoir la conscience de la faute. Cette honte, nos musiciens du sexe l’ont totalement perdue.

La pornographie musicale ou la glorification du sexe.

Le philosophe Hubert Mono Ndjana parle des chansons de Sodome et Gomorrhe[18]  pour désigner les mélodies diaboliques parce qu’infernales et immoralisantes que certains musiciens produisent jubilatoirement. La musique d’un peuple reflète son subconscient collectif. Qu’un enfant de cinq ans en vienne à fredonner les versets sataniques que certains musiciens mettent sur le marché, voilà qui est à craindre de la moralité à venir de la nation toute entière !  Que n’entendons-nous pas ? Où est passé la décence ? Un musicien est-il tenu de tout chanter, même lorsque le consommateur exige la bêtise ? N’est-il pas temps de créer un centre de la maïeutisation des chansons, chargé de détecter les musiciens du bas ventre et de les traduire en justice ?  Faut-il laisser faire ? Doit-on laisser tout dire, la mort dans l’âme, comme dépassés par les événements ? Certes, la créativité de l’artiste est sans limite. Mais quand elle déborde le champ du moralement correct, il faut bien que l’artiste soit interpelé. C’est un travail de pédagogie collective. Socrate dirait, de perfectionnement collectif des âmes. Pour  lire notre société à la lumière de Socrate, nous avons choisi de parler du mensonge, de la corruption, du solidarisme, de la pornographie musicale. Nous aurions pu parler aussi des mutilations sexuelles, des rites du veuvage, de l’égoïsme, de l’alcoolisme précoce, de la prostitution, de la pédérastie, de la cupidité, de l’accumulation maladive des biens matériels, des industries religieuses qui vendent Jésus diaboliquement aux plus et aux moins offrants…   Ces phénomènes sont des « Pseudo-valeurs », des « faussetés » [19] qui retardent le développement réel de nos sociétés.

Socrate serait totalement perdu dans notre monde si une alchimie divine pouvait le ressusciter. On assiste aujourd’hui au triomphe de l’inauthenticité. Les valeurs s’écroulent. Ces valeurs pour lesquelles le maître de Platon s’est sacrifié : la vérité, la justice, le bien, l’honneur, la tempérance. La quête de la facilité a gagné les cœurs, et se transmet comme de père en fils. Il faut vivre. C’est-à-dire bien vivre. C’est-à-dire bien manger, bien boire, bien dormir : la trilogie animale !

Pour Aristote, « Socrate traite des vertus éthiques » [20]. Mais ce traitement est fortement critiqué, notamment par la sophistique et le nihilisme.

III – LA CRITIQUE DE LA MORALE SOCRATIQUE

« Il faut avoir une bonne mémoire pour tenir ses promesses. Il faut avoir une grande force d’imagination pour pouvoir ressentir de la pitié. Tant la morale est étroitement liée à la qualité de l’intelligence ».  Friedrich Nietzsche, Humain, trop humain, I, Un livre pour esprits libres, Gallimard, Paris, 1988, p.78

Pour Socrate, la morale est un ensemble de principes positifs universels et éternels, applicables en tout temps et en tout lieu. Ces principes magnifient la vérité, la justice et le bien, valeurs indispensables au perfectionnement de l’âme.

Pour la sophistique, le mensonge et le mal peuvent humainement servir, et le mal que l’on fait devient le bien s’il rend heureux celui qui le pratique. De ce point de vue, la morale est relative et son application est conjoncturelle, circonstancielle et intéressée. La morale de Socrate est qualifiée d’inadaptée et d’improductive par la sophistique. Pour Gorgias, Calliclès et Polos par exemple, Socrate cultive la faiblesse, la paresse, la tempérance et l’inaction là où on attend de l’homme qu’il exprime l’esprit compétitif, la raison du plus fort, l’intempérance et la volonté de puissance. Pour eux, la morale de Socrate (la morale des faibles) est inapte à hisser l’homme au sommet de l’existence. Il faut remplacer cette morale handicapée (pour ne pas dire des handicapés) par la morale des forts,  des « surhommes » pour parler comme Nietzsche. On sait bien l’influence qu’un Gorgias par exemple a exercée sur l’auteur de La généalogie de la morale.  Nietzsche soutient que chez les puissants, c’est les plus forts qui décident de ce qui est bon.  Chez Nietzsche, à l’origine de l’opposition entre le bien et le mal, se trouve la distinction entre le supérieur et l’inférieur, le maître et l’esclave[21]. D’après lui, le vocabulaire du faible est rempli de « pardon » et de « patience » [22].   Voici la peinture tragique parce qu’attristant que Nietzsche fait des souhaits méprisables des opprimés : « Lorsque les opprimés, les écrasés, les asservis, sous l’empire de la ruse vindicative de l’impuissance, se persuadent : ‘’ Soyons autres que les méchants, c’est-à-dire bons ! Est bon quiconque  ne fait violence à personne, quiconque ne viole, ni ne blesse, qui n’attaque pas, qui n’use pas de représailles, et qui laisse à Dieu le soin de la vengeance, quiconque se tient caché comme nous, évite la rencontre du mal et du reste attend peu de chose de la vie, comme nous les patients, les humbles et les justes » [23]. Socrate vante l’altruisme. Nietzsche nous rappelle que « l’égoïsme n’est pas méchant, parce que l’idée du prochain (le mot est d’origine chrétienne et ne répond pas à la vérité) est très faible en nous ; et que nous nous sentons presque aussi libres et responsables envers lui qu’envers plantes et pierres » [24].  Selon Nietzsche, la morale est fondamentalement calculatrice et accumulatrice.  Elle ne cède que pour mieux prendre. Elle ne recule que pour mieux avancer. Ici, si l’homme perd ce qu’il aime, c’est pour en gagner davantage. Elle est la tribune qui permet génialement à l’intelligence de s’exprimer : « Dans la morale, l’homme ne se traite pas en individuum, mais en dividuum » [25].  La pitié, valorisée par Arthur Schopenhauer par exemple comme un sentiment hautement humain, est, chez Nietzsche, le propre des gens du peuple, des malheureux.

Contrairement à Socrate qui soutient que la rhétorique n’est pas un art, mais une sorte de flatterie[26] qui n’a de valeur que si elle est au service de la justice et du bien, Gorgias affirme qu’il n’y a pas d’art plus important que la rhétorique. Selon lui, elle permet à l’homme de s’imposer et de commander. Selon Gorgias, la rhétorique donne le pouvoir. Il précise : « Je veux dire le pouvoir de persuader par ses discours les juges au tribunal, les sénateurs dans le conseil, les citoyens dans l’assemblée du peuple et dans toute autre réunion qui soit une réunion de citoyens. Avec ce pouvoir, tu feras ton esclave du médecin, ton esclave du pédotribe, et, quant au fameux financier, on reconnaîtra que ce n’est pas pour lui qu’il amasse de l’argent, mais pour autrui, pour toi qui sais parler et persuader les foules » [27]

Contrairement à Socrate qui pense que celui qui connait la justice ne peut qu’être juste, Gorgias soutient qu’on peut connaître la justice et s’employer à soutenir l’injustice. Gorgias estime que l’opinion socratique selon laquelle un homme qui sait la justice ne sera jamais injuste est sans cesse démentie par l’expérience. Seulement Gorgias ne manque pas de préciser qu’il est souhaitable que la rhétorique, à cause des désagréments qu’elle peut entraîner, ne soit pratiquée ni en famille, ni entre amis.[28]

Pour Calliclès, les lois sont faites par les faibles pour protéger les faibles. La nature indique qu’il est normal que le plus fort impose sa vision du monde au plus faible. Contrairement à Socrate qui pense que les puissants peuvent être moralement médiocres, Calliclès soutient que les plus forts, c’est les meilleurs, c’est les plus sages, c’est les courageux parce qu’ils se donnent les moyens d’imposer leurs volontés. Ils méritent de commander et d’avoir une plus grosse part que les autres.[29] Selon  Calliclès, la tempérance et la continence, tant vantées par Socrate, sont le propre des lâches et des faibles. Selon lui, toutes les passions sont bonnes, et n’exigent que d’être accomplies. Et seuls les forts peuvent le faire, justement ou injustement.

Contrairement à Socrate qui pense que l’injuste est un malade qui a besoin du châtiment curatif, Polos soutient qu’il  est intelligent et utile de commettre l’injustice et d’échapper par la ruse à la peine. Ecoutons Socrate : « Je pense que l’homme qui commet l’injustice et qui porte l’injustice dans son cœur est malheureux, en tous les cas, et qu’il est plus malheureux encore s’il n’est point puni et châtié de son injustice, mais qu’il l’est moins, s’il la paye et s’il est puni par les dieux et par les hommes »[30].

D’après Polos, le méchant Archélaos, né esclave, a bien fait de recourir au crime (coup d’Etat) pour accéder au trône, lui que la naissance éloignait du pouvoir suprême de Macédoine. Ecoutons Polos  s’adresser ironiquement à Socrate, parlant d’Archélaos :

« Il n’avait aucun droit au trône qu’il occupe aujourd’hui, étant né d’une femme qui était esclave d’Alkétès, frère de Perdiccas. Selon la justice, il était l’esclave d’Alkétès et, s’il avait voulu observer la justice, il servirait Alkétès et serait heureux d’après ce que tu prétends, au lieu qu’aujourd’hui le voilà prodigieusement malheureux, puisqu’il a commis les plus grands forfaits. Tout d’abord il fit venir cet Alkétès, son maître et son oncle, pour lui rendre, disait-il, le trône dont Perdiccas l’avait dépouillé ; il le reçu chez lui et l’enivra profondément, lui et son fils Alexandre, qui était son propre cousin et à peu près du même âge que lui ; puis, les mettant dans son chariot, il les emmena, les égorgea et les fit disparaître tous les deux. Ce crime accompli, il ne s’aperçut pas qu’il était devenu le plus malheureux des hommes et il n’éprouva aucun remords. Peu de temps après, il s’en prit à son frère, le fils légitime de Perdiccas, un enfant d’environ sept ans, à qui le pouvoir appartenait de droit.  Au lieu de consentir à se rendre heureux en l’élevant comme il le devait et en lui rendant le pouvoir, il le  jeta dans un puits, le noya puis dit à sa mère Cléopâtre qu’en poursuivant une oie il était tombé dans le puits et qu’il y était mort »[31].

Malgré sa vision du monde qui est celle de bien vivre et de mourir en pratiquant la justice, la morale de Socrate est qualifiée par Calliclès de matériellement improductive[32] Rappelons que le mode de vie qu’enseigne Socrate est également fortement sanctionné par Aristophane dans Les Nuées.  Aussi, précisons que dans La République, Socrate recommande au philosophe la pratique de la politique[33]Mais dans L’Apologie de Socrate, il reconnaît lui-même que si son démon (signe divin) ne l’avait pas éloigné des affaires publiques, il y a de cela longtemps qu’il serait mort[34]. Manifestant ainsi sa méfiance vis-à-vis de la morale politique (si la politique a une morale).

La morale que prône Socrate peut-elle s’appliquer dans la sphère politique ? Il en doute lui-même[35]. Parce que la politique est le lieu du discours, donc de la rhétorique, le philosophe doit-il se garder de la pratiquer ? Une réponse pratique nous est donnée par Herbert Marcuse dans Culture et Société.

Selon lui, le philosophe qui se refuse de s’engager économiquement ou politiquement ne peut que nager au-dessus des réalités sociales, ne peut qu’être abstrait. Et c’est cette abstraction qui de tout temps est reprochée au philosophe. Pour lui, le philosophe doit embrasser la praxis sociale. Marcuse écrit : « Le philosophe ne peut prendre part aux luttes sociales que dans la mesure où il n’est pas uniquement philosophe : cette division du travail est aussi le résultat de la séparation moderne entre les moyens de production matériels et intellectuels. Ce n’est pas la philosophie qui peut abolir cette séparation. Les conditions d’existence sociales sont cause de ce que le travail philosophique a été et est encore essentiellement abstrait » [36].

Voilà comment la morale de Socrate est clouée au pilori par ses contradicteurs.

Conclusion

Socrate a marqué son temps. Socrate va marquer tous les temps.  Il a raison de célébrer l’altruisme et la vertu. Mais une lecture de la société humaine permet de constater que la morale qu’il propose semble inopérante et socialement balbutiante. Gorgias et Nietzsche ont tort de vanter l’égoïsme et la domination. Mais leur morale est opérationnelle et individuellement fascinante. L’homme exprime facilement et passionnément son « thanatos » que son « éros », pour  reprendre les concepts freudiens[37]. Il est plus mu par les pulsions négatives que par celles positives. Nietzsche dit de l’homme qu’il « est une corde  tendue entre la  bête et le surhomme »[38].  C’est cette partie animale de l’homme que la morale de Socrate entend dresser. Le désordre, l’injustice, la corruption, les détournements, les crimes sont des expressions vivantes de la bêtise humaine.

N’en déplaise aux sophistes et aux nihilistes, les socratophiles[39] pensent que la morale de l’inventeur de la maïeutique est éternellement exemplaire. Emile Chambry souligne qu’en public comme en privé, « Socrate n’a jamais fait une concession contraire à la justice » [40]. Dans le Phédon il est présenté comme le meilleur, le plus juste et le plus honnête des hommes de son temps[41].  Socrate n’a jamais douté de l’exemplarité de sa vie. C’est avec joie qu’au moment de quitter ce monde, il demande à son ami Criton d’offrir un coq sacrificiel au dieu Asclépios (dieu de la médecine) pour le remercier d’avoir enfin permis que son âme se sépare de son corps ! Le père de la maïeutique a fait de sa philosophie « un hymne à la vie »[42], à la vie vertueuse, responsable et humanisante.

Socrate est souvent comparé à Jésus. Comparaison philosophiquement problématique. Et c’est Kierkegaard qui a vu juste. Selon lui, « la ressemblance entre le Christ et Socrate repose essentiellement sur leur dissemblance » [43]. Le premier dit être le chemin et la vérité qui mènent à la vie éternelle. Le second ironise sur les travers existentiels qui obstruent temporairement le chemin de la vérité.

Dr. Célestin T. Nya.    Novembre 2013

BIBLIOGRAPHIE

  • Aristote, Métaphysique. Livre
  • Aristote, Ethique de Nicomaque, Paris, Garnier-Flammarion, 1965.
  • Brun (J),  Socrate, Paris P.U.F, 1960
  • Cuvillier (A), Nouveau vocabulaire philosophique, Paris, Armand Colin, 1973.
  • Sigmund Freud, Métapsychologie, Paris, Gallimard, 1968.
  • Guardini (R), La mort de Socrate, Paris, 1956
  • Jankélévitch (Vl),  L’ ironie, Paris, 1936
  • Mono Ndjana (H), Les chansons de Sodome et Gomorrhe, Yaoundé, Carrefour, 1999.
  • Nietzsche (F), Ainsi parlait Zarathoustra, Paris, Gallimard, 1947
  • Nietzsche (F), Humain, trop humain, I, Un livre pour esprits libres, Paris, Gallimard, 1988
  • Njoh Mouelle (E), De la médiocrité à l’excellence, Yaoundé, Clé, 1970
  • Njoh Mouelle (E), La philosophie est-elle inutile ? Yaoundé, Clé, 2002.
  • Njoh Mouelle (E), Discours sur la vie quotidienne, Yaoundé, Afrédit, 2007.
  • Njoh Mouelle (E), L’Aspiration à être (ouvrage collectif), Chennevières-sur-Marne, Dianoïa, 2002
  • Ondoua (P), Existence et valeurs III, Avenirs pluriels, Préface du Pr. E. Njoh Mouelle, Paris, L’Harmattan, 2009
  • Platon, Apologie de Socrate, Paris, Garnier-Flammarion, 1965.
  • Platon,
  • Platon, La République, Paris, Garnier-Flammarion, 1966
  • Platon, Le Phédon, Paris, Garnier-Flammarion, 1965.
  • Sartre (J-P), L’être et le néant, Paris, Gallimard, 1943
  • njohmouelle.org
  • wikipedia.org/wiki/Socrate

Notes

[1] Etude critique de la pensée de Socrate.
[2] Armand Cuvillier, Nouveau vocabulaire philosophique, Paris,  Armand Colin, 1973, p.120.
[3] Platon, Apologie de Socrate, Paris,  Garnier-Flammarion, 1965, 30d-31a.
[4] Jean Brun,  Socrate, Paris, P.u.f, 1960, p.96.
[5] Romano Guardini, La mort de Socrate, Paris, 1956,  p.23
[6] Jean Brun ; Opus.cit, p.97.
[7] Platon, Apologie de Socrate, 32c-33c.  Emile Chambry précise que « Léon de Salamine, ancien stratège, était du parti démocratique ; mais c’est surtout parce qu’il était riche que les Trente, à court d’argent, le firent mettre à mort ». (Notice sur  l’Apologie de Socrate, Paris, G-F, 1965, p. 19).
[8] Pius Ondoua, Existence et valeurs III, Avenirs pluriels, Préface du Pr. E. Njoh Mouelle, Paris,  L’Harmattan, 2009, p.94
[9] Vladimir Jankélévitch, L’ironie. Paris, 1936, p.2. Cité par Jean Brun, opus.cit, p.98
[10] Jean-Paul Sartre, L’être et le néant, Paris, Gallimard, 1943, p.84.
[11] Platon,  Apologie de Socrate, 30a-30d
[12] Cf.  . Conférence donnée au Centre de Lecture et d’Animation (CLAC) de Mimboman à Yaoundé. www.njohmouelle.org
[13] Ebénézer Njoh Mouelle, Discours sur la vie quotidienne, Afrédit, 2007, p.121.
[14] E. Njoh Mouelle, « Autobiographie intellectuelle », in L’Aspiration à être, (ouvrage collectif), Chennevières-sur-Marne, Dianoïa, 2002, p.18
[15] E. Njoh Mouelle, De la médiocrité à l’excellence, Yaoundé, clé, 1970, p.33
[16] E. Njoh Mouelle, Opus. cIt, pp. 67-68.
[17] Aristote, Ethique de Nicomaque, livre 8, chap. 2
[18] Hubert Mono Ndjana, Les chansons de Sodome et Gomorrhe, Yaoundé,  Carrefour, 1999.
[19] E. Njoh Mouelle, « La crise des valeurs ». Cf. . www.njohmouelle.org
[20] Aristote, Métaphysique, livre M, 4, 1078 b
[21] Friedrich Nietzsche, La généalogie de la morale, Œuvres, Paris,  Robert Laffont,  1993, p.779
[22] Friedrich Nietzsche, Opus. Cit, p. 795
[23] Friedrich Nietzsche, Opus. Cit, p. 794
[24] Friedrich Nietzsche, Humain, trop humain, I, Un livre pour esprits libres, Paris, Gallimard, 1988, p.96
[25] Friedrich Nietzsche, Opus.cit, p.77
[26] Platon, Gorgias. 462d-466b
[27] Platon, Opus. Cit, 452c-453a
[28] Platon, Opus. Cit, 456b-457c
[29] Platon, Opus. Cit, 489 e-494b
[30] Platon, Opus. Cit, 472c- 473a
[31] Platon, Opus. Cit, 470 -471d. On note dans cet extrait la fausse ironie dont parle Jean Brun dans Socrate. (Voir la première partie  de notre texte : «  La maïeutique socratique », note  6).
[32] Platon, Opus. Cit, 485c-486c
[33] Platon, La république, 473a-474a : « Tant que les philosophes ne seront pas rois dans les cités, ou que ceux qu’on  appelle aujourd’hui rois et souverains ne seront pas vraiment et sérieusement philosophes, tant que la puissance politique et la philosophie ne se rencontreront pas dans le même sujet ; tant que les nombreuses  natures   qui poursuivent actuellement l’un ou l’autre de ces buts de façon exclusive ne seront pas mises  dans l’impossibilité d’agir ainsi ; il n’y aura de cesse aux maux des  cités, ni, ce me semble, à ceux du genre humain ».
[34] Platon, Apologie de Socrate, 31d-32c : « Cela tient à ce que vous  m’avez souvent et partout entendu dire, qu’un signe divin et démoniaque se manifeste à moi, ce dont Mélétos a fait par dérision un  de  ses chefs d’accusation. Cela a commencé dès mon enfance ; c’est une sorte de voix qui, lorsqu’elle se fait entendre, me détourne toujours de ce que je me propose de faire, mais ne m’y pousse jamais. C’est elle qui s’oppose que  je m’occupe de politique, et je crois qu’il est fort heureux pour moi qu’elle m’en détourne. Car sachez-le bien, Athéniens, si, dès ma jeunesse, je m’étais mêlé des affaires publiques, je serais mort dès ma jeunesse, et je n’aurais rendu aucun service ni à vous, ni à moi-même ».
[35] Platon, Apologie de Socrate, 32c-33c
[36] Herbert Marcuse, Culture et société, Paris, Les Editions de minuit, 1970, pp.161-162.
[37] Sigmund Freud, Métapsychologie, Paris, Gallimard, 1968.
[38] Friedrich Nietzsche, Ainsi parlait Zarathoustra, Paris, Gallimard, 1947.
[39] Les passionnés de la pensée de Socrate.
[40] Cf. Notice sur L’Apologie de Socrate, Paris, Garnier-Flammarion, 1965. P.19
[41] Platon, Phédon, 118a
[42] Cette expression, nous la devons au Philosophe Pius Ondoua,  qui a présenté, dans le cadre des activités du CERCAPHI, une conférence à l’Institut Français de Douala le 21 mars 2012, intitulée : « Philosopher, un hymne à la vie ».
[43] Cf. www.wikipedia.org/wiki/socrate
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