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Ethique universelle et prospective

Organisé par le Cercaphi (Cercle camerounais de philosophie), le colloque « Vie et éthique, de Bergson à nous » s’est déroulé à l’université de Yaoundé I au Cameroun du 21 au 22 novembre 2013. Les Actes, coédités par Ebénézer Njoh Mouelle et Emile Kenmogne ont été publiés en 2015 sous deux formes : en livre, chez L’Harmattan à Paris, dans la collection « Eclairages philosophiques d’Afrique » que dirige Emile Kenmogne » et en version numérique chez le même éditeur. Les autres textes qui paraissent ici ont été effectivement présentés au colloque et n’ont pas pu s’intégrer dans le volume unique des Actes du colloque, soumis à des contraintes budgétaires.

 

Ethique universelle et prospective.

Evariste Dupont BOBOTO

Université Marien Ngouabi

Brazzaville- Congo

 Il serait malaisé de prétendre donner, de manière unilatérale sinon catégorique un quelconque contenu définitionnel à la notion d’ « éthique universelle », au regard de sa simplicité apparente et de sa complexité effective. Simplicité, parce que cette notion d’éthique est abondamment utilisée et peut-être moins bien connue ; cependant, doublée d’une complexité réelle ou effective, étant entendu que son contenu définitionnel requiert une dimension englobante qui se prête à une analyse multidimensionnelle.

Loin de vouloir circonscrire ou étaler des contenus définitionnels de la notion d’éthique, notre effort est de partir des « dérapages » du progrès scientifique et technique, pour construire une réflexion susceptible de conjecturer une culture universelle de l’éthique. Pour ce faire, trois questions s’imposent à notre conscience :

  1. La conception pluridimensionnelle d’une éthique universelle est-elle possible ?
  2. Comment circonscrire une telle éthique universelle face au développement la science ?
  3. Quelles en-sont les perspectives ?

Partant de ce triple questionnement, nous tenterons d’organiser notre réflexion autour de deux points essentiels :

1- Le progrès scientifique et technique et ses avatars.

  1. La conception d’une éthique universelle comme une prospective de la science de l’homme.

Si nous consacrons le premier point à l’examen du déterminisme historique de ces deux derniers siècles qui, s’arc-boutant autour de l’idée du progrès fondée sur les succès de la science et de la technique, a plongé l’humanité dans une sorte d’optimisme  béat, dans le second point, nous essayerons de montrer que le déterminisme historique ayant fait son temps, il conviendrait de construire une réflexion qui, se fondant sur l’indéterminisme historique, nous installe dans une nouvelle conception du progrès qui repose dans une vision prospectiviste.

I – Le progrès scientifico-technique et ses avatars

Depuis le siècle des Lumières (le XVIIIe), les succès de la science et la technique ont plongé l’humanité dans une sorte de conception dynamique et optimiste du progrès social. Ce qui s’explique par plusieurs raisons dont la principale est l’amélioration des conditions de vie de l’homme avec pour corollaire l’éradication de certaines maladies, autrement dit le bien-être de l’humanité.

Dès lors une question s’impose à notre réflexion : Qu’est-ce alors que le progrès ? Du latin progrediorprogredieris ou progredieri, le terme « progrès » signifie « aller en avant », c’est-à-dire avancer, marcher. Le progrès désigne donc de manière générale, le développement graduel d’une théorie, d’une activité, c’est-à-dire le passage d’un « moins-être » vers un « mieux-être » social. Dans le domaine de la science, parler du progrès ce serait alors penser à l’acquisition de nouvelles connaissances qui différeraient des anciennes non seulement de par leur nouveauté, mais aussi de par leur degré. Le progrès est donc l’opposé de la stagnation, du conformisme au réel…

Or cette nouveauté qu’apporte le progrès dans la connaissance scientifique peut ou ne pas s’inscrire dans la continuité. Ce qui fait penser à Gilles Gaston Granger pense trois critères fondamentaux du progrès, à savoir : l’« extension », la « précision » et la « compréhension ». C’est dire donc que de façon générale,  « le progrès scientifique se marque par une  extension du champ de connaissance, par une précision accrue, par une meilleure compréhension. »[1]

Mais, de ces trois critères, Granger jette son dévolu sur le troisième qu’il considère comme fondamental en ce qu’il permet selon lui l’amélioration de notre compréhension des phénomènes Il s’inspire de la physique pour expliciter son propos : « Mais d’autre part, (…), c’est le nouvel outillage conceptuel de la Relativité générale qui a permis de calculer avec plus grande précision la précession du périhélie de Mercure ».[2]

Et Granger donne à la « compréhension » un contenu particulier. Il ne s’agit pas pour lui d’une vaine compréhension ou d’une compréhension qui se fonderait sur des objets ou concepts nouveaux. Restreignant ainsi le champ de la compréhension au concept, il dit :

Comprendre signifie, au sens où nous l’entendons ici, intégrer un fait ou une loi dans un système de concepts où ils apparaissent comme résultant de ce système ; plus généralement, c’est plonger une théorie plus large (plus « compréhensive ») dont elle devient alors un cas particulier, comme on l’a vu à propos d’une traduction possible de la mécanique newtonienne dans la mécanique einsteinienne. Bien entendu, à l’intérieur du paradigme de pensée scientifique où nous tenons ici, une meilleure compréhension ne peut être obtenue que par l’invention et l’organisation de nouveaux concepts, et non par un recours à des images, à des impressions subjectives, ou à des mythes globalisants. C’est là encore un des points sur lesquels se manifeste la rupture radicale avec la pensée proto-scientifique, qui s’accommodait éventuellement fort bien d’une réinterprétation « explicative » de ce genre.[3]

Les critères du progrès ne suffisant pas à expliciter notre propos, c’est à travers les différentes modalités du progrès que nous parviendrons à déceler les forces et faiblesses de cette notion. A ce sujet, Granger évoque trois modalités du progrès qui traduisent, selon lui, la « discontinuité interne du devenir scientifique ». Il s’agit de :

– la découverte des faits ;

– l’invention d’un outil nouveau ;

– la découverte des catégories.

La découverte des faits peut, selon Granger, paraître à première vue comme le fruit du hasard ; mais elle est le résultat de l’usage d’un instrument nouveau. Ce résultat obtenu ne s’impose pas, mais il est posé comme hypothèse, qui ne sera considérée comme progrès que lorsqu’elle confirmera la théorie antérieure ou ouvrira la voie à d’autres pistes de recherche. Et, dans cette première modalité nous avons au moins deux théories (la première et la nouvelle) et d’autres pistes de recherche qui pourraient intéresser d’autres chercheurs.

L’invention d’un nouvel outil de recherche relève selon Granger des « errements divers » des chercheurs. Face à ces errements, ils se trouvent obligés de créer un nouvel outil qui engage le progrès aussi bien sur la voie extensionnelle que sur celle de la « compréhension ».

Un exemple classique en serait donné par l’invention du calcul infinitésimal, préparé déjà antérieurement, mais qui se concrétise à la fin du XVIIe siècle avec les travaux décisifs du Milanais Cavalieri (1635), du Français Pascal (1654 – 1659), du Saxon Leibniz ( 1675), de l’Anglais Newton (1681-1704). Instrument mathématiquement nouveau, dont les applications par Leibniz et Newton, puis par leurs émules en Angleterre, en Allemagne, en France, ouvrent un champ immense non seulement aux mathématiques, mais aussi à la mécanique et plus généralement à la physique. Progrès à la fois d’extension et de compréhension, aux conséquences extraordinaires.[4]

Dans la dernière modalité, à savoir la découverte des catégories, il est question selon Granger du passage des savoirs proto-scientifiques aux sciences. Par catégories, Granger entend des « concepts fondamentaux déterminant un type même d’objet scientifique.»[5] Ces concepts ont la particularité de créer à l’intérieur même d’une science « des départements nouveaux ». Ils ne sont pas des concepts « auxiliaires » mais des concepts significatifs pour le développement de la science.

Granger pense alors qu’il n’y a de progrès que lorsqu’il y a invention de nouvelles connaissances et renouvellement des anciennes. Ces inventions ne sont pas à chercher sur la linéarité de la science, mais elles sont à repérer au niveau des « catégories » qui constituent l’histoire des sciences. Il n’y a donc pas de progrès hors de l’histoire des sciences.

En conséquence, il y a une sorte d’optimisme à la notion de progrès depuis qu’existe la science. Mais cet optimisme s’est exacerbé aux XVIIIème et XIXème siècles avec la Révolution industrielle. L’une des preuves de ces débordements s’est matérialisée dès la moitié du XXème siècle avec les deux guerres mondiales aux conséquences désastreuses qui ont déçu les attentes de l’humanité tout entière et remis en cause l’idée du progrès des sciences. Le développement explosif de la science avec ses réalisations scientifico-techniques pour des besoins militaires ou stratégiques ont été mobilisées pour la destruction de l’humanité. D’où le pessimisme de Francis Fukuyama :

La première guerre mondiale a remis en cause de manière fondamentale la confiance en soi de la vieille Europe(…) Quatre années de boucherie atroce dans la guerre des tranchées, au cours de laquelle des dizaines de milliers d’hommes mourraient en un seul jour pour quelques mètres carrés de terrain dévasté, (…) Les vertus de loyauté, de travail acharné, de persévérance et de patriotisme furent mobilisées au service du massacre systématique et inutile d’autres hommes (…)[6]

Après la première guerre mondiale, l’intellect humain s’est de nouveau mobilisé pour la fabrication d’armes de plus en plus perfectionnées pour des raisons de sécurité et/ou de défense, mais au bout du compte pour la destruction massive de l’humanité. Deux dizaines d’années plus tard, éclate un nouveau conflit mondial aux conséquences incalculables et humiliantes pour l’humanité en pleine modernité. Des régimes totalitaires s’installent au pouvoir et perpétuent des génocides. La science et la technique, pourtant fruits de la raison, sont assujetties à la politique (science de la gestion de la cité). Le principal idéal du progrès (le bien) s’est sublimé en mal. La conséquence logique de cette sublimation c’est que des luttes armées entre divers Etats deviennent fréquentes, créant ainsi le désir de reconnaissance et donc de grandeur, désir qui, au fil des temps, se substitue en un désir d’être reconnu « en tant qu’homme » ou simplement un désir de suprématie. De la sociabilité, la reconnaissance devient conflictuelle. Et, décrivant cette barbarie humaine dans une terminologie hégélienne, Fukuyama écrit :

L’homme est fondamentalement un animal social et « tourné vers autrui » ; pourtant, sa sociabilité le conduit non pas vers une société civile paisible, mais vers une lutte à mort de pur prestige. Ce « combat sanglant » peut avoir trois issues possibles. Il peut entraîner la mort des deux combattants, auquel cas la vie elle-même, humaine et naturelle, se termine. Il peut provoquer la mort des deux rivaux, auquel cas le survivant reste insatisfait, parce qu’il n’existe plus d’autre conscience humaine pour le « reconnaitre ». Enfin, la bataille peut se terminer par une relation de maître et d’esclave, par laquelle l’un des combattants décide de se soumettre à une vie de servitude plutôt que d’affronter le risque d’une mort violente. Le maître reçoit ainsi satisfaction, parce qu’il a risqué sa vie et obtenu la reconnaissance d’un autre être humain pour avoir agi de cette façon.[7]

A l’instar de Fukuyama, Gilles-Gaston Granger décrit cette déchéance humaine en s’appuyant sur les conséquences désastreuses de la seconde guerre mondiale ; et il souligne surtout l’influence du politique dans le financement de la recherche scientifique :

… la seconde guerre mondiale, en mettant au premier plan les besoins techniques des belligérants pour obtenir la suprématie, d’une part a fortement orienté dans certaines directions la recherche scientifique appliquée (physique atomique, radar, fusées), d’autre part a contribué à consolider et développer l’habitude de faire jouer au financement d’Etat un rôle important dans la recherche scientifique.[8]

Curieusement, c’est pendant cette période trouble que la science connaît son essor. Granger et Vuillemin qualifient cette période d’« Age de la science »[9], période « qui offre le spectacle de renouvellements et de développements sans précédent dans l’histoire de la science, par leur nombre et leur diversité »[10]. Mais, ces différents développements ne sortent pas du néant, car ils sont tributaires des travaux antérieurs. A titre illustratif, Granger énonce les différentes découvertes scientifiques ayant marqué de manière significative la science pendant le XXe siècle. Il passe en revue les deux théories de la Relativité en physique, la structure du génome en biochimie, l’envoi de la sonde soviétique Luna sur la lune en 1970, l’invention du transistor en 1948, la découverte des antibiotiques en 1928 (Fleming)[11]

Or, la lutte pour la reconnaissance est consciemment menée par l’homme, donc par la raison humaine ou simplement l’intellect humain au moyen de la science et de son corollaire la technique ; car, comme le dit Granger, « il est (…) clair pour tous qu’aujourd’hui toute prouesse technique reflète une avancée de la connaissance scientifique, alors même que la nature et la force du lien demeurent un mystère pour le grand nombre »[12].

Pourtant nous venons de relever les conséquences désastreuses de la science. La pire de ces conséquences est l’anéantissement total de l’humanité, et la moindre la servitude. Et pourtant, pendant que l’intellect humain se déployait dans ces dérives, Jean-Jacques Rousseau condamnait vigoureusement les effets néfastes de l’usage de la science et de ses applications, les arts, en ces termes :

Avant que l’Art eut façonné nos manières et appris à nos passions à parler un langage apprêté, nos mœurs étaient rustiques, mais naturelles ; et la différence des procédés annonçait au premier coup d’œil celle des caractères. La nature humaine, au fond, n’était pas meilleure ; mais les hommes trouvaient leur sécurité dans la facilité de se présenter réciproquement, et cet avantage, dont nous ne sentons plus le prix, leur épargnait bien des vices.[13]

Même si Rousseau ne vante pas en soi les bonnes dispositions qu’offre la nature humaine pour en faire une panacée, il critique sévèrement l’application ou la mauvaise application des avancées de la science sur l’humanité, tel qu’il le déclare :

… la dépravation réelle, et nos âmes se sont corrompues à mesure que nos Sciences et nos Arts se sont avancés à la perfection. (…) les maux causés par notre vaine curiosité sont aussi vieux que le monde. L’élévation et l’abaissement journalier des eaux de l’Océan n’ont pas été plus régulièrement assujettis au cours de l’Astre qui nous éclaire durant la nuit, que le sort des mœurs et de la probité au progrès des Sciences et des Arts. On a vu la vertu s’enfuir à mesure que leur lumière s’élevait sur notre horizon, et le même phénomène s’est observé dans tous les tems et dans tous les lieux.[14]

Le salut passe pour Rousseau par la conservation des anciennes mœurs au détriment de la science et des techniques. Il prend à titre illustratif l’exemple de certains peuples tels que les Perses, les Germains :

Opposons à ces tableaux celui des mœurs du petit nombre de Peuples qui, préservés de cette contagion des vaines connaissances ont par leurs vertus fait leur propre bonheur et l’exemple des autres Nations. Tels furent les premiers Perses, nation singulière chez laquelle on apprenait la vertu comme chez nous on apprend la Science ; qui subjugua l’Asie avec tant de facilité, et qui seule a eu cette gloire que l’histoire de ses institutions ait passé pour un Roman de Philosophie : Tels furent les Scithes, dont on nous a laissé de si magnifiques éloges : Tels les Germains, dont une plume, lasse de tracer les crimes et les noirceurs d’un Peuple instruit, opulent et voluptueux, se soulageait à peindre la simplicité, l’innocence et les vertus. Telle avait été Rome même dans les tems de sa pauvreté et de son ignorance. Telle enfin s’est montrée jusqu’à nos jours cette nation rustique si vantée pour son courage que l’adversité n’a pu abattre, et pour sa fidélité que l’exemple n’a pu corrompre.[15]

C’est malheureusement de cette manière que fonctionne l’humanité en ce début du XXIème siècle, même si ces intentions sont quelque peu voilées. Ce qui nous amène à penser que la raison humaine avec son projet de progrès scientifico-technique au service du politique est en pleine crise. Ce service ou cette dépendance de la science vis-à-vis de la politique s’explique par le fait que la science ou la communauté scientifique ne peut se développer sans un financement substantiel. Or ce financement vient souvent du politique qui cherche toujours à récupérer son investissement et orienter d’une manière ou d’une autre la recherche scientifique. C’est ce que précise Gilles-Gaston Granger : « … la seconde guerre mondiale, en mettant au premier plan les besoins techniques des belligérants pour la suprématie, d’une part a fortement orienté dans certaines directions la recherche scientifique appliquée (physique atomique, radar, fusées), d’autre part a contribué à consolider et développer l’habitude de faire jouer au financement d’Etat un rôle important dans la recherche scientifique. »[16]

Dans ces conditions, la question de savoir s’il est possible d’orienter le destin de la science par la politique ou encore de laisser aux scientifiques la liberté de pratiquer la science sans pression demeure préoccupante. Gilles Gaston Granger reformule cette question en ces termes : « Faut-il borner et restreindre par décrets le champ de l’investigation scientifique, en raison d’applications potentiellement néfastes ? »[17]

Le développement de la recherche scientifique pose donc quelques problèmes éthiques. Face à ces problèmes éthiques qui surviennent au cœur de la science, Granger émet des réserves dans la mesure où ce n’est pas la science en soi qui est à l’origine de ces travers, mais plutôt certaines de ses applications. En s’inspirant d’exemples tels que la prolifération des déchets atomiques, l’existence du trou d’ozone, le transfert d’organes ou encore l’acharnement thérapeutique, Granger pense que « … dans chacun de ces cas, le phénomène en cause concerne directement certaines applications de la connaissance plutôt que la connaissance elle-même. (…) On conçoit que l’idée d’une restriction, ou tout au moins d’une réglementation de la recherche elle-même, puisse alors naître au sein de la société. La question est en pareil cas, me semble-t-il, de décider si cette réglementation peut et doit être conçue par un pouvoir politique, ou si elle peut et doit émaner d’un consensus de la communauté des savants mêmes. »[18]

Ces effets néfastes de l’application de la science, applications qui impriment à l’humanité une image fatale, donnent matière à réflexion à la communauté scientifique. Il s’avère impérieux de dédouaner la raison scientifico-technique en lui donnant de nouvelles orientations ou en lui substituant la raison pratique cette fois-ci au service de la morale.

Si la raison scientifico-technique reconnaît ses prétentions suicidaires, il est plus que temps qu’elle prenne le courage de se débarrasser de la politique afin de devenir salvatrice pour l’humanité. Ainsi, au lieu de se projeter, comme le dit Fukuyama, dans le futur des « diableries nouvelles et inimaginables », il faut y projeter des valeurs d’excellence, de perfection, valeurs qui ne sont possibles que grâce à l’invention de la nouvelle raison qui devrait mettre en exergue la culture de l’universel.

Au lieu d’avoir des Etats technologiquement plus forts que les autres, il va falloir avoir des Etats moralement plus élevés que les autres. Pour réussir ce pari, une ascèse de la raison s’avère déterminante. Le nouveau rationalisme qui résulterait de cette ascèse ne devrait pas s’imposer de manière totalitaire. C’est un rationalisme beaucoup plus souple, c’est-à-dire moins déterminant. Il devrait s’appliquer aussi bien dans les sciences de la nature que dans les sciences de l’homme. Gilles-Gaston Granger le peint en ces termes : « Le rationalisme qui convient aux sciences de l’homme exige un élargissement du champ de la pensée rigoureuse, l’invention d’un nouvel arsenal  des formes. »[19]

Ce rationalisme ouvert devrait avoir comme ambition fondamentale la révision des anciens schèmes de la raison afin d’aboutir à une raison beaucoup plus opératoire qui tienne compte des dérapages du progrès scientifico-technique. Pour ce faire, Granger pense que « l’homme contemporain doit se faire une raison, au sens populaire et au sens littéral du terme, de cette condition de la pensée parvenue au stade actuel. »[20]

La raison dont parle Granger n’est pas celle qui est sous-tendue par les principes formels, mais celle dont le principe fondamental est la « perfection », à l’image de la raison pratique de Kant, qui serait gage du progrès moral. Dans le même ordre d’idées, Gaston Bachelard préconisait l’association de la théorie et de la pratique pour bien penser scientifiquement. Ainsi privilégiait-il le rationalisme appliqué qui « reprend les enseignements fournis par la réalité pour les traduire en programme de réalisation … Pour ce rationalisme prospecteur, très différent en cela du rationalisme traditionnel, l’application n’est pas une mutilation ; l’action scientifique guidée par le rationalisme mathématique n’est pas une transaction sur les principes. La réalisation d’un programme rationnel d’expériences détermine une réalité expérimentale sans irrationalité. »[21]

Le rationalisme appliqué de Gaston Bachelard nous conduit au cœur de la prospective, car il a la particularité d’être construit et adapté aux besoins de la société. C’est ainsi qu’il déclare : « Le rationalisme que nous défendons fera face à la polémique qui s’appuie sur l’irrationalisme insondable du phénomène pour affirmer une réalité. Pour le rationalisme scientifique, l’application n’est pas une défaite, un compromis. Il veut s’appliquer. S’il  s’applique mal, il se modifie. Il ne renie pas pour cela ses principes. Il les dialectise. »[22]

Si la raison scientifico-technique paraît plus globalisante et essentielle, la raison pratique est, quant à elle, plus particulière et participe des besoins fondamentaux des individus. Elle est donc plus existentielle et a pour corollaires les notions de liberté, d’inter-subjectivité, de dialogue, de paix, d’éducation universelle.

II – La conception d’une éthique universelle comme une prospective de la science de l’homme

Nous circonscrivons l’idée de prospective à partir de la notion de liberté. Par liberté humaine, nous entendons, comme le dit Granger, « un intervalle impossible à combler entre les prévisions établies sur le modèle des sciences physiques, et le détail des actes humains »[23]. La liberté devrait donc accompagner la raison dans ses actes, dans la mesure où elle permet de faire un choix entre plusieurs champs possibles. Elle conduit l’homme vers une vision beaucoup plus prospective. Et Granger dit à ce propos :

… Il nous emble qu’il faut comprendre que l’homme est libre en avant, que la liberté de ses actes est prospective. C’est-à-dire que le caractère ne peut être attaché à une décision qu’ayant porté ses fruits, elle manifeste dans ses conséquences, la réalisation d’un dessein cohérent, et laisse dans le cours des événements une empreinte, une forme, une trace humaine.[24]

Pourquoi faisons-nous recours à la prospective dans cette réflexion sur l’éthique universelle ? D’ordinaire, il est difficile pour l’homme de voir clairement et distinctement un objet situé très loin de lui. Deux raisons nous permettent de convoquer la prospective dans cette réflexion sur l’éthique :

  1. La méthode prospective permet, non pas seulement de voir clairement et distinctement ce qui est caché dans l’avenir, mais aussi de le voir le plus tôt possible. Cette qualité d’anticipation sur l’avenir nous paraît fondamentale, car on ne peut pas anticiper l’avenir sans analyser le présent. C’est une méthode et une attitude. C’est également une manière d’infléchir l’avenir. Comme toute méthode, la méthode prospective a des principes. L’un des principes cardinaux de la prospective dispose que « l’avenir n’est pas écrit, il est à construire, à bâtir ». Voilà pourquoi elle est une œuvre collective, donc participative. Cette démarche consiste à gérer le long terme ou l’horizon, en prenant des décisions efficaces et salvatrices dans le court ou moyen terme. Avec la prospective, il est donc question de construire ou de bâtir un mieux-être conformément à ses propres attentes.
  2. Le second mobile de l’appel à la prospective c’est le fait qu’elle place l’homme au centre de ses préoccupations. La prospective nous semble être une philosophie de l’avenir qui s’inspire des indices du présent pour construire un avenir prospère. Or, l’avenir est un vaste champ non exploré ou en attente d’explorateurs, donc un espace à la fois simple et complexe. Simple par sa virginité et complexe par son caractère quasi mystérieux. La prospective agit de manière concomitante avec la notion d’évaluation, car elle nous évite d’être en marge des mutations qui s’opèrent dans le monde actuel. Il convient donc d’inventorier toutes ces mutations et tenter de faire des projections visant la transformation efficiente de la société. Le monde ne devrait plus évoluer en suivant des trajectoires bien définies, mais plutôt selon des itinéraires ou des choix appropriés. Ce qui nous fait penser à la théorie poppérienne du progrès de la connaissance scientifique selon laquelle la connaissance part toujours d’un problème, ensuite il y a des tentatives de solutions qui conduisent à l’élimination de l’erreur pour aboutir à un problème 2, et ainsi de suite.

Même si Popper développe sa conception du progrès sous la trame d’une transposition méthodologique en s’inspirant de la méthode des sciences de la nature pour aboutir à une méthode unique en science, sa méthode n’est pas à assimiler à une quelconque des sciences naturelles. Elle est plutôt une adaptation de ce modèle aux sciences humaines afin d’atteindre des résultats escomptés. La méthode poppérienne est une méthode hypothétique dont le modèle existant est celui de Darwin. En effet, chez Darwin, cette méthode hypothétique consiste à sélectionner parmi un certain nombre d’espèces animales celles qui résistent à la sélection naturelle. Si les espèces les plus faibles sont vouées à la disparition, les plus fortes survivent. C’est donc une sélection par élimination.

Comme dans le système darwinien où seules les espèces qui résistent à la sélection naturelle survivent, nous nous inspirons de cette méthode poppérienne pour soumettre à rude épreuve de la critique les différentes théories pour ne retenir comme convenables, non pas seulement celles qui auront résisté à l’épreuve des tests, mais aussi celles qui, après plusieurs analyses, peuvent éviter à l’humanité quelques dérives. Ce qui se formalise de la manière suivante :

 

P1 → TS → EE → P2.

P1 = problème 1
TS = tentative de solution
EE = élimination de l’erreur
P2 = problème 2

Dans une première situation problématique (P1), il faut dégager plusieurs hypothèses ou tentatives de solutions (TS) et les soumettre rigoureusement à l’épreuve de la critique. Seules les tentatives les plus audacieuses pourront être retenues et donc l’erreur éliminée (EE) pour  parvenir enfin provisoirement à une deuxième situation problématique (P2).

Ce que nous pouvons retenir de cette approche c’est qu’elle est beaucoup ouverte, participative et laisse à la communauté scientifique le libre loisir de choisir entre plusieurs possibilités. Les hypothèses ou tentatives de solutions constituent des scénarios, des projections ou des opportunités dont il faut évaluer les risques, aussi bien sur les plans scientifique et environnemental qu’humain ou éthique…, avant de faire le choix.

Ce que nous tentons de formaliser de la manière suivante :

Avec la méthode prospective, la conception déterministe du progrès tombe au profit de la conception indéterministe. La notion d’évaluation accompagne la prospective ; car évaluer c’est, dit Philippe Gouet, « prendre au sérieux l’« appel des valeurs », c’est discerner les éléments constitutifs de nos dispositions. Mais c’est aussi et plus fondamentalement encore, apprécier les risques, les enjeux auxquels nous nous exposons lorsque nous tendons d’y répondre »[25].

La vision prospective du monde redonne donc de l’optimisme, elle exige un changement d’attitude. Au lieu de présager la fatalité, la prospective tente de défataliser le monde. Si le progrès scientifico-techniqque donnait au monde une image fatale et vieillissante, la prospective tente à son tour de le rajeunir ; car l’avenir est à construire sur fond d’une imagination créatrice : il n’est jamais clos et se projette toujours dans un horizon.

De ce fait, la prospective nous paraît incontournable dans cette recherche sur l’éthique universelle. Léopold Sédar Senghor ne disait-il pas : « … la prospective n’est pas une science toute faite pour prévoir exactement l’avenir, mais (…) une méthode de pensée et d’action pour cet avenir avec une finalité humaine. Bref, la prospective est un humanisme du XXIè siècle »[26] ?

Cette pensée de Senghor sur la prospective est donc au cœur de notre réflexion, étant entendu que cette étude vise à répertorier et promouvoir certaines valeurs communes à l’humanité pour le troisième millénaire. La prospective a donc une vertu libératrice de l’homme dans l’horizon de l’éternité. C’est à travers elle que transparaissent les notions de paix durable, de dialogue, de développement durable, d’intersubjectivité.

Si l’on cherche à créer un climat d’amour, c’est aux fins de la consolidation de la paix. L’amour suppose l’existence d’au moins deux sujets. En langage des prédicats, nous dirions que l’amour est un prédicat à plusieurs places ou n places. Pour exprimer l’amour de soi, il y a dédoublement du sujet, alors que dans le reste des cas, il est question de s’exprimer devant (ou avec) autrui. Et, parlant de cet amour, Charles Zacharie Bowao dit : « C’est parce que l’homme est amoureusement libre en l’éternité qu’il peut manifester dans le temps son imagination créatrice. Aussi est-il dans l’éternité mais pour le temps. Du moins devrait-il en être ainsi. »[27]

Il est donc question à travers la prospective de transformer de manière efficace la condition humaine afin d’éviter de tomber dans des « diableries inimaginables » que cache le futur. Il n’est pas question de faire le procès de la raison ou de l’objectivité scientifique au profit d’une tendance irrationnelle ou subjective. Le problème que nous posons est celui de trouver le juste milieu entre les tendances objectiviste et subjectiviste. Nous ne postulons pas la mise en péril de la science ou de la raison au profit d’une tendance irrationnelle, mais plutôt une approche participative dans la pratique de la science, même si le consensus est difficile à atteindre. Si nous savons que la science ou quelques applications de la science sont à l’origine de certaines dérives, n’est-il pas possible de s’attaquer à ces causes pour en tirer les conséquences ? Durkheim ne faisait-il pas remarquer : « Nous croyons obéir [] à la raison, alors que nous sommes des esclaves de préjugés irraisonnés, etc. Comment aurions-nous la faculté de discerner avec plus de clarté les causes, autrement complexes, dont procèdent les démarches de la collectivité ? »[28]

La tendance objectiviste doit faire des concessions face à la tendance subjectiviste pour le bonheur de l’humanité. Autrement dit, il est question d’abandonner toute sorte de positivisme pour s’installer dans la culture de l’incertain. La vieille conception du temps (passé-présent-futur) doit être surclassée au profit d’une sorte d’anticipation sur le temps. Nous ne savons pas où nous allons, mais nous savons pertinemment d’où nous venons. La prospective nous invite donc à marcher avec précaution. Mais ces précautions ne devraient pas  nous donner un sentiment de peur  vis-à-vis de l’avenir et de tout son univers mystérieux. Avec la prospective il est question de prendre le courage d’affronter toutes les difficultés de l’avenir. Ainsi se révèlerait-elle une arme libératrice de toute l’humanité. Car, en tant qu’attitude prévisionnelle, ses décisions sont probablement concrètes.

Au regard de tout ce qui précède, force est de constater que le déterminisme historique avec sa conception dynamique et optimiste du progrès scientifico-technique a suscité en ses débuts une vision optimiste du monde sur l’avenir. Mais cet optimisme a fait son temps avec les conséquences désastreuses des deux guerres mondiales qui ont installé l’humanité dans une sorte de pessimisme. Mais, étant entendu que c’est l’homme qui est le principal acteur du développement, une réflexion s’avère nécessaire pour tenter de défataliser l’avenir. Voilà pourquoi nous avons orienté notre réflexion vers cette philosophie de l’avenir qu’est la prospective.  Notre problème n’a pas consisté à mettre en crise le progrès, puisque l’avenir en dépend, mais il a été pour nous question d’optimiser les avancées de la science et de la technologie ou de conjecturer un progrès à visage humain. Car, au fur et à mesure que la science évolue, il y a beaucoup de problèmes éthiques qui l’interpellent. La prospective nous semble être la solution la mieux appropriée pour aider la science à se développer sans porter atteinte à la survie de l’humanité tout entière. Il est donc question pour le scientifique de bien évaluer la portée et les limites de toute découverte. Comme le dit René Thom, pendant que la science évolue à une vitesse exponentielle, il convient pour l’humanité d’avoir des scientifiques cultivés, pas au sens d’avoir une vision encyclopédique comme dans l’antiquité, mais être capable de discerner parmi les découvertes, lesquelles sont porteuses d’espoir pour l’humanité et lesquelles sont porteuses des germes de destruction.     Aussi Thom dit-il : « Est scientifiquement cultivé celui qui, en face de l’annonce d’un succès scientifique récent, est capable d’en évaluer l’ampleur réelle, et de faire la part de l’exagération trop fréquente avec laquelle les périodiques de vulgarisation (et parfois même les publications scientifiques) font état de l’importance d’une découverte. »[29]

Bibliographie :

  1. Bachelard (Gaston), La philosophie du non, Paris, Quadrige/PUF, 2005
  2. Bowao (Charles Zacharie) : « La liberté au cœur de la prospective », dans Gaston Berger :Introduction à une philosophie de l’avenir, sous la direction de Diagne (Souleymane Bachir.), Nouvelles Editions Africaines du Sénégal, Dakar, 1997
  3. Durkheim (Emile), Les règles de la méthode sociologique, Paris, Alcan, 1901.
  4. Fukuyama (Francis), La fin de l’histoire et le dernier homme, traduit de l’anglais par Denis-Armand Canal, Paris, Flammarion, 1992.
  5. Giget (Marc) et Godet (Michel), “Deux amants inséparables : prospective et stratégie”, Vers une école européenne du management stratégique, Colloque AFCET-AFPLANE, 1990.
  6. Godet (Michel), Manuel de prospective stratégique, en deux tomes (tome 1: une indiscipline intellectuelle, tome 2 : l’art et la méthode), Dunod, Paris, 1997.
  7. Godet (Michel), Cahiers du LIPSOR la boîte à outils de la prospective stratégique, Cahier n°5, Cinquième édition, Paris, Librairie des Arts et Métiers, 2004.
  8. Gouet (Philippe), « La philosophie de Gaston Berger : une présentation », dans Gaston Berger : Introduction à une philosophie de l’avenir, sous la direction de Diagne (S.B.), Nouvelles Editions Africaines du Sénégal, Dakar, 1997.
  9. Granger (Gilles-Gaston), La raison, Paris, PUF, 1955.
  10. Granger (Gilles-Gaston), La science et les sciences, Paris, PUF, 2ème édition 1995.
  11. Granger (Gilles-Gaston), Sciences et réalité, Paris, Odile Jacob, 2001.
  12. Rousseau (Jean-Jacques), Discours sur la science et les arts, in Œuvres complètes, Paris, Gallimard, 1964.
  13. Senghor (Léopold Sédar), « Chacun de nous est métis à sa façon ou l’université Gaston Berger », dans Liberté 5. Le dialogue des cultures, Paris, Seuil, 1993, p.49

Notes:

[1] Granger (Gilles-Gaston), La Science et les sciences, Paris, PUF (2è édition), 1995, p.110

[2] Ibid., p.110

[3] Ibid., p.111

[4] Granger (Gilles-Gaston), La Science et les sciences, Paris, PUF (2è édition), 1995, p.113

[5] Ibid., p.113

[6] Fukuyama (Francis), La fin de l’histoire et le dernier homme, traduit de l’anglais par Denis-Armand Canal, Paris, Flammarion, 1992, p.29

[7] Fukuyama (Francis), La fin de l’histoire et le dernier homme, traduit de l’anglais par Denis-Armand Canal, Paris, Flammarion, 1992, p.177

[8] Granger (Gilles-Gaston), Op. cit., p.13

[9] Ibid., p.9

[10] Ibid., p.9

[11] Granger (Gilles-Gaston), Op. cit., pp 10-11

[12] Ibid., p.15

[13] Rousseau (Jean-Jacques), Discours sur la science et les arts, in Œuvres complètes, Paris, Gallimard, 1964, p.8

[14] Ibid, pp 9-10

[15] Rousseau (Jean-Jacques), Discours sur la science et les arts, in Œuvres complètes, Paris, Gallimard, 1964 p.11

[16] Granger (Gilles-Gaston), Op. cit., p.13

[17] Ibid., p.18

[18] Ibid., p.19

[19] Granger (Gilles-Gaston), La raison, Paris, PUF, 1955, p.87

[20] Ibid., p.88

[21] Bachelard (Gaston), La philosophie du non, Paris, Quadrige/PUF, 2005, p.6

[22] Bachelard (Gaston), Op.cit., p.7

[23] Granger (Gilles-Gaston), La raison, Paris, PUF, 1955, p.96

[24] Ibid., p.97

[25] Gouet (Philippe), « La philosophie de Gaston Berger : une présentation », dans Gaston Berger  : Introduction à une philosophie de l’avenir, sous la direction de Diagne (S.B.), Nouvelles Editions Africaines du Sénégal, Dakar, 1997, p. 56

[26] Senghor (Léopold Sédar), « Chacun de nous est métis à sa façon ou l’université Gaston Berger », dans Liberté 5. Le dialogue des cultures, Paris, Seuil, 1993, p.49

[27] Bowao (Charles-Zacharie), « La liberté au cœur de la prospective », dans Gaston Berger : Introduction à une philosophie de l’avenir, sous la direction de Diagne (Souleymane Bachir.), Nouvelles Editions Africaines du Sénégal, Dakar, 1997, p.110

[28] Durkheim (Emile), Les règles de la méthode sociologique, Paris, Alcan, 1901, p.XIV

[29] Thom (René), cité par Granger (Gilles-Gaston), dans La science et les sciences, Paris, PUF, 2ème édition,  p.17

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