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Esquisse d’une phénoménologie du tribalisme

Esquisse d’une phénoménologie du tribalisme.

Dr. Tchatou Nya Célestin.

Plan

  1. Introduction
  2. I- L’élan tribaliste
    1. a) Tribu et tribalisme
    2. b) L’amour de la haine
  3. II- Le portrait du parfait tribaliste
    1. Le tribaliste extraverti
    2. Une conscience angoissée
  4. III- Tribalisme et humanisme
    1. Une certaine alchimie
    2. La déchéance de l’humaine condition
  5. Conclusion

Introduction

Le tribalisme, c’est l’amour vital de la tribu. Il se reconnaît à la priorité latente ou manifeste accordée à la tribu[1]. La tribu est un ensemble de familles qui partagent un espace géographique commun et qui sont historiquement marquées par une identité culturelle reconnaissable. Les notions de tribu et d’ethnie sont si proches que je vais employer dans ce travail l’une ou l’autre indifféremment[2]. Les membres de la tribu peuvent migrer et s’émanciper ailleurs qu’à l’intérieur du cadre géographique naturel. Ils peuvent même naître ailleurs que dans ce cadre. Ils ne cessent pour autant d’être attachés à la tribu comme le fœtus à sa maman. Le cordon ombilical ici fonctionne comme un nœud incassable. Tout Africain appartient culturellement à une tribu. La densité du lien qui unit un membre à sa tribu varie d’un individu à un autre. Faible, ce lien peut développer un type de mentalité moins tribaliste. Fort, ce lien peut entretenir une conscience tribaliste poussée et aigue. Toujours est-il que le tribalisme, qu’il soit fortement ou faiblement exprimé, reste et demeure un fléau.

Etre membre d’une tribu induit ipso facto qu’on a des racines culturelles enfouies dans cette tribu. Refuser ce principe, c’est comme si on niait l’amour congénital qui lie l’enfant à sa mère. C’est vrai qu’on peut s’adapter à une culture nouvelle au point de s’éloigner profondément de sa culture d’origine. Mais les séquelles de la culture d’origine sont insurmontables. Chaque membre de la tribu est donc, fortement ou faiblement, attaché à la culture tribale. La tribalité, c’est-à-dire le sentiment naturel d’appartenance à une tribu et la valorisation de cette tribu n’est pas en soi mauvaise. Le tribalisme commence lorsque cette valorisation se transforme en une survalorisation scientifiquement inexplicable de sa tribu, avec comme conséquence immédiate l’amplification de la haine, du rejet, de la négation des autres tribus.

Ce n’est pas parce qu’il existerait des gens totalement tribalistes et d’autres totalement non tribalistes que le tribalisme serait un problème. Non. Poser le sujet sous cet angle, c’est l’escamoter, c’est le sortir, pour parler comme Edgar Morin, de la complexité qui rend sa compréhension plurielle et riche[3]. Ce qui fait du tribalisme un problème et rend son existence problématique, c’est l’inhumaine rupture qu’il crée entre les membres d’une même société. La raison commande que les hommes se comportent et se complètent, indépendamment de leur naissance, de leur langue ou de leurs préférences alimentaires ou vestimentaires.

La phénoménologie du tribalisme que je propose se donne de penser le tribalisme sous le prisme de la complexité. Le penseur du tribalisme, que j’appelle « le tribaliciste »[4], se doit de dépassionner la question en refusant de se limiter aux préjugés couramment établis sur ce phénomène. L’ennemi officiel du tribalisme peut être en réalité un parfait tribaliste. C’est vrai que les actes du tribaliste trahissent sa pensée. Mais il serait hâtif et subjectif de voir le tribalisme partout, et de le tenir pour responsable de certains manquements même là où c’est la faiblesse, la lâcheté, la passivité et la résignation qui sont à blâmer. La phénoménologie que je propose est une quête de l’essence[5] du tribalisme. Etant entendu que le tribalisme est un phénomène auquel nous réservons un traitement similaire à celui que Sartre par exemple a réservé à l’émotion[6] ou à l’antisémitisme[7].

Le problème qui me préoccupe est celui de la description du tribalisme, de son fondement à ses conséquences individuelles et sociales. La finalité de ce travail est de contribuer à la compréhension de ce monstre social qu’est le tribalisme. Nait-on tribaliste où le devient-on ? Existe-t-il des indices de reconnaissance ou d’identification du tribaliste ? Le tribalisme est-il fondamentalement négatif ? Pour répondre à ces questions indicatrices, ma réflexion va se déployer sur un plan qui a trois parties. Dans la première partie, je montre que le tribalisme est essentiellement acquis. La seconde partie s’attarde sur l’esquisse du portrait du parfait tribaliste. Dans la troisième partie, je fais savoir que le tribalisme est un anti-humanisme.

L’élan tribaliste.

Tout tribaliste est membre d’une tribu. Mais tout membre d’une tribu n’est pas nécessairement tribaliste.

Tribu et tribalisme

Être membre d’une tribu, c’est se reconnaître biologiquement, culturellement, historiquement et géographiquement comme un maillon à part entière de cette chaîne sociale qu’est la tribu.

Chaque Africain par principe appartient naturellement à une tribu. Ce qui rend donc normal et compréhensible le fait qu’il soit en droit de se réclamer, par le biais du lien héréditaire, membre de telle ou telle tribu. C’est cette conscience d’appartenance à une tribu qui se nomme « tribalité ».

En Afrique, où la filiation est majoritairement patrilinéaire, l’enfant est l’enfant du père, et s’arrime à la famille du père. Le problème ne se pose donc plus si l’enfant est issu d’un couple mixte. Naturellement, il appartient à une tribu, qui marque son identité et le distingue des autres.

Seulement, il ne s’agit pas d’une simple distinction ethnologique. Cette distinction peut engendrer une différence psychologique susceptible de prédisposer l’individu au repli identitaire et au rejet de ceux qui ne sont pas membres de sa tribu. C’est dans la survalorisation de sa tribu et la négation des autres tribus que se situe la problématique tribaliste. Henri Guillaume Ngnepi fait bien de remarquer que « Tribalisme veut dire : priorité accordée à une tribu ».[8]

Puisqu’il s’agit d’une priorité consciente, le tribalisme est donc un phénomène délibérément choisie et voulu par celui qui le pratique. Le tribalisme est essentiellement acquis. Il est un au-delà de la tribalité. La tribalité milite pour la promotion de la tribu sans rupture des liens intertribaux. Le tribalisme construit les barrières entre les tribus, consciemment et intentionnellement. On peut le pratiquer par soi-même et pour soi-même. On peut également le pratiquer avec les autres pour la survie et la puissance de la chaîne tribaliste, composée des membres de la tribu qui activent l’élan tribaliste.

Comme phénomène acquis, le tribalisme est fondamentalement stratégique c’est-à-dire pratiqué et entretenu à des fins utilitaires. Le tribaliste amplifie le repli identitaire. Il est comme programmé pour la protection et la défense de la tribu. Mais par qui ? Est-on en droit de se demander. Par ceux qui, pour des raisons professionnelles, politiques ou économiques instrumentalisent d’autres en les enrôlant dans des projets et des programmes qu’ils ne contrôlent pas toujours. Et que gagnent-ils en acceptant de jouer le jeu ? La confiance ou la protection de leurs tuteurs. Garanties sur lesquelles ils peuvent facilement compter pour grimper les marches de la société.

L’amour de la haine

Le tribaliste déteste ainsi l’autre qui n’est pas de la tribu parce qu’il a été conditionné à le détester. Point n’est besoin de connaître cet autre ou d’avoir eu des démêlés avec lui pour le haïr. Il est l’autre donc l’étranger. Par conséquent il est l’ennemi à craindre et à détester, voire à tuer.  On peut ici dire du regard que le tribaliste pose sur l’autre ce que Sartre a dit du regard que l’antisémite porte sur le juif. L’antisémite ne hait pas un juif particulier, qui l’aurait insulté ou violenté. Il hait la communauté juive parce qu’on lui a dit que cette communauté est mauvaise. Cette haine s’enracine désormais dans son âme et ne le quitte plus. Pour le malheur de tous les juifs qui vont se trouver sur son chemin. Cette profondeur fait en sorte que l’antisémite, pense Sartre, porte sur le juif un regard totalement néantisant, avec impossibilité de laisser entrevoir, aujourd’hui ou demain, une quelconque modification ou reconsidération. Ce rejet du juif est tellement ontologiquement enraciné, selon Sartre, que s’il arrive qu’un antisémite tombe amoureux d’une juive sans connaître sa race, cet amour se transforme en haine dès qu’il append qu’elle est juive. Pour l’auteur de Réflexions sur la question juive, « il y a un dégoût du juif comme il y a un dégoût du Chinois ou du Nègre chez certaines gens »[9] L’essentiel est de rejeter l’autre, de refuser de lui reconnaître une quelconque qualification, une humanité quelconque. Ce que Sartre dit de l’antisémite peut s’appliquer sans façon au tribaliste. Ce dernier a un tel dégoût de l’autre qui n’est pas de sa tribu qu’il est pris de nausée rien qu’en le voyant.

Mais là où nous ne sommes pas totalement d’accord avec Sartre, c’est lorsqu’il affirme, parlant de l’entêtement de l’antisémite à détester le juif, à le haïr, à le vomir qu’il  « n’est pas provoqué par l’expérience »[10]Il serait judicieux de dire que cet entêtement n’est pas toujours le fait de l’expérience. Une expérience malheureuse peut conduire à l’antisémitisme ou au tribalisme. On peut être amené à détester l’autre d’une tribu autre parce qu’il a réussi là ou on a échoué, parce qu’il a excellé là où on a été médiocre, parce qu’il a des acquis matériels alors qu’on est misérable, parce qu’il a épousé la femme qu’on convoitait… Autant de choses qui peuvent générer la frustration qui à son tour va engendrer l’agression. Dans le fonctionnement du tribalisme, le lien psycho-sociologique entre la frustration et l’agression peut bien se comprendre. L’agression revêt ici la forme d’une décharge psychologique ou physique « avec l’intention de faire mal à une autre personne »[11], comme le souligne bien Jacques-Philippe Leyens dans son œuvre Psychologie sociale.

La différence objective directement et douloureusement vécue peut donc conduire à la négation tribaliste. Ici, on est plus tolérant et moins agressif lorsque c’est le frère de la tribu qui a réussi là où on a échoué. Il vaut mieux que ce soit lui, plutôt qu’un étranger. Pour traduire cette tolérance, les formules comme « c’est nous », « c’est encore nous », « c’est toujours nous », « c’est entre nous »…sont souvent utilisées. Pour revenir à l’idée de Sartre, je peux devenir tribaliste sans avoir personnellement vécue une expérience fâcheuse. Même s’il paraît comme absurde de haïr quelqu’un avec qui on  n’a jamais eu de conflits directs. Mais cette expérience peut avoir été vécue par celui qui m’a initié au tribalisme et qui m’a entraîné sur le terrain de la haine. Il me l’a donc transmise au point où je peux détester par son entremise les autres tribus, et ce parfois plus sévèrement que lui-même. De ce point de vue, l’expérience peut être directement ou indirectement vécue. Toujours est-il qu’on peut devenir tribaliste par mimétisme. Il ne s’agit pas d’un procédé magique. Dans ce cas de figure, si je deviens tribaliste, c’est parce que quelqu’un m’a amené, pour une raison ou une autre, à pratiquer le tribalisme. Je peux le devenir parce que le jeu m’intéresse. Je peux le devenir pour plaire aux autres, pour faire comme les membres du groupe tribaliste. Dans une analyse où il soutient qu’on ne naît pas tribaliste mais qu’on le devient, Emile Kenmogne affirme que de peur de se faire rejeter par les siens tribalistes, on peut décider de rentrer « dans la bataille tribocentrique»[12]. Nous partageons pleinement ce point de vue. Pour lui, le tribalisme fonctionne comme un virus qu’on contracte par contamination. Et si on le contracte, cela veut dire qu’on peut à son tour le transmettre aux autres.

Le tribaliste professionnel peut initier d’autres membres de sa tribu au tribalisme. Ici, on devient tribaliste par enrôlement. Il faut pour cela qu’on soit psychologiquement préparé à accepter l’initiation. On est libre d’accepter ou de refuser l’enrôlement. La volonté du sujet est totalement engagée dans la pratique du tribalisme. Celui qui se fait enrôler n’est pas moins tribaliste que celui qui enrôle. Tous sont coupables, équitablement. Je parle de culpabilité parce que le tribalisme est un mal, un fléau qu’aucune conscience humaniste ne peut tolérer.

Le mimétisme peut conduire au tribalisme de deux façons. On peut devenir tribaliste en imitant les autres membres du groupe tribaliste. C’est ce qui arrive très souvent. Mais on peut aussi devenir tribaliste en imitant ceux qui nous ont fait subir le tribalisme. La victime d’une injustice tribaliste peut décider, de façon réactionnaire, de rejeter la tribu de ceux qui l’ont fait souffrir. Ce rejet est peut-être excessif parce qu’il remplace la partie par le tout. Mais souffrir du tribalisme peut malheureusement transformer la victime en tribaliste.

Puisqu’on ne naît pas tribaliste, on ne le devient pas non plus ex-nihilo. Il faut un déclic qui peut être motivé par le sujet lui-même où par ceux qui l’entraine sur le terrain assez singulier et curieux du tribalisme.

Le portrait du parfait tribaliste

Par « parfait tribaliste », j’entends celui qui ne se cache plus pour afficher, quasi-quotidiennement, son penchant pour le tribalisme.

Le tribaliste extraverti

Le tribalisme peut s’exprimer subtilement ou ouvertement. Subtilement, on le pratique comme en cachette, sans trop chercher à s’afficher, à se faire identifier. On agit pratiquement dans le silence absolu, mais efficacement parce que le but visé, clairement nocif, est atteint : faire du mal, scolairement, médicalement, sportivement, professionnellement, économiquement, politiquement, socialement à tous ceux qui ne sont pas membres de la tribu. C’est tel propriétaire terrien qui, bien que saluant et riant officiellement avec tout le monde, bien que buvant et mangeant avec tout le monde, bien que sympathisant avec tout le monde, est ontologiquement incapable de vendre une parcelle de ses terres à un étranger, tribalement parlant. C’est également tel chef  d’entreprise qui, bien que diversifiant culturellement son personnel, accorde lors du recrutement une priorité à sa tribu.

Ici, la diversité culturelle de ses employés n’est en apparence que l’arbre qui cache la forêt tribaliste qui ‘‘protège’’ son entreprise. Une observation naïve ou moins vigilante peut ne pas percevoir cette réalité. Seule une enquête objective et dépassionnée peut dévoiler les intensions cachées du tribaliste subtil. Un tel travail de psychanalyse n’est pas aisé à mener. Ce qui rend difficile l’identification du tribaliste introverti.

Celui qui nous intéresse dans le portrait du parfait tribaliste, c’est le tribaliste extraverti. Ce dernier n’a pas besoin de se cacher pour vivre son tribalisme. Il est tribaliste. Il le fait savoir et se moque pas mal de ce que les autres en pensent ou en disent. Il jouit du tribalisme comme on se satisferait d’une victoire quelconque. Il est convaincu que tant que la pratique du tribalisme ne provoque pas une mort physique, une tribaliste est à l’abri de toute inquiétude ou de toute poursuite judiciaire. La ceinture tribaliste qu’il solidifie et entretient lui sert de bouclier. Après tout, tous les maillons de cette ceinture qui ont profité de ses largesses ne lui doivent-ils pas reconnaissance et respect ? Plus la ceinture tribaliste est longue et grande, mieux le tribaliste se sent exister. Il sait que seul, il est incapable d’engranger des victoires. Son destin se construit à l’intérieur du clan tribaliste qu’il promeut. Cette absence de confiance en soi le rend vulnérable, malgré l’apparente assurance qu’il affiche. Il est conscient de cette vulnérabilité. Et c’est cette conscience qui l’amène souvent à redoubler sa haine des autres.

Dresser le portrait du parfait tribaliste, c’est montrer qu’on est soi-même un parfait tribaliste, peut-on m’objecter. Ce qui n’est pas toujours vrai. Le portraitiste professionnel n’a pas besoin d’être méchant pour peindre la méchanceté, ou d’être boiteux pour peindre une allure infirme. L’expérience quotidienne informe sur le comportement du tribaliste. Il appartient culturellement à une tribu qu’il présente en tout temps et en tout lieu comme la meilleure. La conscience tribaliste est fondamentalement exclusiviste. Elle travaille dans l’unique but de disqualifier les autres tribus et de poser sa tribu comme étant le paradis terrestre. Une machine salutaire pour les membres de la tribu et infernale pour les étrangers est ainsi créée. Cette machine fonctionne selon le binôme union/désunion, ami/ennemi, inclusion/exclusion… Son principe est clair : «  Qui n’est pas de ma tribu est contre moi, et mérite d’être traité comme un ennemi ».

Le parfait tribaliste se refuse de pratiquer la philosophie de l’ouverture sans frontière. Il exclut l’autre simplement parce qu’il appartient à une tribu autre que la sienne. L’esprit ségrégationniste qui le caractérise lui interdit d’être lucide. La compréhension et la tolérance ne font plus parties de son vocabulaire. Ce qui compte pour lui et qui constitue le centre de son monde, c’est sa tribu. A l’école, à l’université, au lieu de service, dans le parti politique, dans les stades… il ne chemine qu’avec les membres de sa tribu. Eux seuls sont à ses yeux les plus brillants, les plus méritants.

Une conscience angoissée

Une fois qu’il détient une parcelle de pouvoir, familial, politique ou professionnel, le parfait tribaliste se laisse aisément remarquer par une attitude caractérielle symptomatique d’une profonde angoisse existentielle. Dans son absolue volonté de protéger sa tribu et ses membres, et ce au détriment de ceux qui ne sont pas de son ethnie, se cache en réalité la volonté de se protéger contre lui-même. Ce qui l’angoisse et l’effraie ce n’est pas tant la crainte de voir les valeurs culturelles de sa tribu disparaître, mais c’est la peur de ne pas pouvoir s’adapter aux exigences compétitives du monde sans le concours des membres de sa tribu. Il n’est plus l’otage de sa tribu comme toute politique de protectionnisme culturel l’autorise, mais sa tribu devient son otage. Voilà pourquoi son angoisse ne peut pas, au sens kierkegaardien, promouvoir compétitivement les valeurs de sa tribu. Son amour pour sa tribu n’implique pas sa participation matérielle, morale ou financière au développement de cette tribu. Son angoisse est égocentrique parce qu’elle est en réalité la peur de perdre ses privilèges ou de ne pas pouvoir réaliser ses rêves. Il s’agit, à bien regarder, d’une attitude curieuse qui révèle non pas une sérénité, mais une inquiétude. L’être serein avance en toute assurance, et ne compte d’abord que sur ses forces propres. Le parfait tribaliste tremble devant la faiblesse consciente de ses moyens, et cherche stratégiquement le couvert des frères de la tribu comme un manteau protecteur. Il a peur, et c’est cette peur qui se mue rapidement en obsession[13] et amplifie la haine. Autant dire que le parfait tribaliste est en réalité psychologiquement malade. Il n’est pas tranquille, intérieurement. Il est un être en crise. Il peut être chômeur, élève, enseignant ou directeur de société. Son attitude laisse entrevoir un inconfort. Son malaise vient de la présence concurrente de l’autre qui n’est pas de sa tribu. Mais à bien regarder, cet autre n’est que le prétexte visible de son animosité. La véritable source de son attitude néantisante, c’est lui-même, en tant qu’il est conscient de ses limites. Ce que Sartre dit de l’antisémite[14] peut une fois de plus être ici appliqué au parfait tribaliste. Ce sont des êtres inauthentiques en ceci qu’ils ont une existence falsifiée. Ce sont des incapables et des lâches, mais qui s’inventent des masques pour voiler leurs défauts, leurs manquements, leurs impossibilités. Dans le même sens que Sartre, Emile Kenmogne pense que c’est l’incapacité du tribaliste qui le rend méchant et jaloux[15]. Plutôt que de travailler à mériter ce dont il a besoin, plutôt que de s’imposer par la qualité de ses actes, il travaille à compter sur le réseau de relations tribalistes qu’il anime, cyniquement et sadiquement.

III. Tribalisme et humanisme

Le tribalicisme, c’est la réflexion philosophique sur le tribalisme. Il s’agit de porter un regard critique sur le tribalisme, en l’abordant sans préjugés et sans arrières pensées. Le tribaliciste analyse le tribalisme sous toutes ses formes. Son devoir est de présenter ce phénomène comme il se structure et  comme il se vit, individuellement et socialement. Pour le tribaliciste, le tribalisme est un anti-humanisme.

Une certaine alchimie

Le tribalisme est essentiellement négatif. Le tribaliste pense d’abord à son bien propre, à celui de sa famille, à celui des membres de sa tribu, mieux des membres du réseau tribaliste de sa tribu.

C’est pour protéger ses intérêts et émerger dans la société qu’il est tribaliste. Les faveurs qu’il gagne de la pratique du tribalisme lui permettent de s’affirmer et de satisfaire sa famille, au sens large du terme. De ce point de vue, le tribalisme fonctionne comme une arme, un instrument que l’on utilise pour soi-même. C’est égoïste, sans aucun doute. C’est même immoral. Mais c’est souvent pratique, utile et payant. Après tout, l’essentiel n’est-il pas de réussir ? Il s’agit d’un pragmatisme qui ne se préoccupe pas des malheurs que l’attitude tribaliste peut causer. Ce qui compte, c’est le gain personnel que la pratique du tribalisme rapporte.

Cette pratique peut favoriser un recrutement ou une insertion professionnelle ou politique. Sans la corde tribale, on n’aurait pas été recruté. Le bénéficiaire ne peut que glorifier cette pratique qui lui a ouvert la voie. Il ne peut que porter sur le tribalisme un regard positif. Difficile de le convaincre de l’absurdité de ce phénomène. Il est le témoin vivant de ce que le tribalisme rapporte, et peut même rapporter gros.

Au-delà du gain personnel que la pratique du tribalisme peut engendrer, son profit peut aussi s’étendre aux membres de la communauté. En permettant à un frère de la tribu de gagner un poste politique ou social, on étend le champ de rayonnement de la tribu. Ce qui, de ce point de vue, ne peut qu’être positif et favorable pour la communauté tribaliste entière. Le membre ayant bénéficié d’une ascension tribale se doit à son tour de promouvoir d’autres membres, et ainsi de suite. Cette promotion, qui repose sur ce que Kenmogne appelle « une solidarité sélective » [16]  ne tient compte ni du talent ni du mérite. L’essentiel est de créer une ceinture tribaliste censée fortifier la tribu et imposer cette pseudo-puissance aux autres. En ayant le maximum de membres de la tribu à des postes divers, auxquels ils n’auraient jamais accédés sans la ceinture tribaliste, on leur permet d’améliorer leur existence matérielle, et d’aider à leur tour la communauté tribaliste. C’est un cercle logiquement inique, mais stratégiquement positif pour les bénéficiaires.

Davantage, et ceci de façon extensive, le bénéficiaire du tribalisme peut ne pas être membre de la tribu. Par une sorte de communion alchimique, un tribaliste peut faire bénéficier à un étranger à sa tribu un avantage social. Mais il faut pour cela que cet étranger accepte le jeu, c’est-à-dire qu’il accepte de rentrer dans une pratique qui fait la promotion non pas de sa tribu d’origine, mais de celle de son protecteur. Ici, l’extension de la générosité hors du cadre tribal n’est donc pas gratuite, encore moins innocente. Il s’agit comme d’un recrutement extra-tribal mais pour la promotion de la tribu. Toujours est-il que l’étranger qui profite d’une telle faveur ne peut par conséquent pas condamner le tribalisme. Il est utilisé pour aider la tribu qu’il sert à mieux servir ses membres. Seul le tribaliste peut vanter les avantages du tribalisme. Le tribaliciste sérieux et objectif ne peut que rejeter le tribalisme sous toutes ses formes.

Le tribalisme, comme pratique négative et mauvaise, est surtout condamné dans la dialectique qui l’oppose au nationalisme. La construction et la cohésion de la nation passe inévitablement par le rejet du tribalisme.

Le tribalisme est négatif parce qu’il crée des barrières factices entre les membres d’une même nation. Le cadre tribal est fermé et limité, et ne peut par conséquent pas promouvoir le développement de la nation. Il devient donc nécessaire de combattre le tribalisme et toutes les attitudes qui tendent à enfermer l’homme dans sa tribu, ou qui l’incitent à ne danser que sur l’unique corde tribaliste. Pour Njoh Mouelle, le bien-être de l’homme passe par le dépassement du cadre tribal. Il soutient que « l’organisation clanique ou tribale et la conscience qui les accompagne »[17] sont dérisoires. Le développement de la conscience tribale voire tribaliste ne peut que se faire au détriment de la conscience nationale. La conscience nationale accepte la diversité et respecte les différences. Elle oblige l’individu à intégrer le sens de l’effort et de la compétition, nécessaire à la réalisation d’une existence libre, responsable et épanouie. Le cadre national est ouvert et favorable à la saine concurrence. Dans ce cadre, « la densité de la vie relationnelle se voit augmentée, à une simplicité de nature succède, pour l’homme, une complexité de culture et la complexité des problèmes quotidiens amène l’individu à mettre à contribution toutes ses facultés aussi bien intellectuelles que physiques »[18].  La récupération du tribalisme à des fins professionnelles ou politiques ne peut qu’accélérer la déchéance de la nation. C’est pour cela que Njoh Mouelle fustige par exemple les chefs d’Etat qui, pour sécuriser leurs pouvoirs, ne s’entourent « la plupart du temps, si ce n’est tout le temps, que des gens de leurs tribus, promouvant des politiques de clientélisme essentiellement sectaires, au contraire des politiques de réelle association des diverses composantes du peuple, à la direction des affaires »[19]. On voit ainsi comment la pratique du tribalisme, à une échelle élevée, peut pourrir la vie socio-politique et économique d’une nation. Mais quel que soit le lieu où il peut s’exercer, le tribalisme, en tant qu’il repose essentiellement sur la division et la négation des compétences extra-tribales, est un fléau à combattre. Pour le combattre, Moukoko Priso propose de « favoriser l’expression d’opinions individuelles à vocation transtribale »[20].

Il s’agit dans ce combat de comprendre selon le propos de Maurice Kamto, que « c’est la pensée qui façonne l’histoire »[21], et que dans la construction d’une nation, toutes les opinions, toutes les pensées, toutes les contributions comptent, du moment ou elles sont pertinentes. Penser que seule une catégorie tribale est à même de produire des idées susceptibles de conduire les destinées d’une nation, c’est cultiver et entretenir le tribalisme.

Le tribaliste est dangereux parce qu’il fonctionne fondamentalement dans l’irréalité. Il fait passer pour normal ce qui est anormal, pour certain ce qui est incertain. Il impose à voir comme vrai ce qui est faux. Le tribaliste est un être de mauvaise foi, qui est ce qu’il n’est pas et qui n’est pas ce qu’il est. Il construit « une civilisation de l’immédiat et du provisoire » [22], pour reprendre une expression de Maurice Kamto. Ceci parce que comme le dit l’adage, « la vérité finit toujours par triompher ». Rien de durable ne peut se fonder sur le tribalisme. Le bien ou la satisfaction que cela peut procurer à celui qui le pratique est essentiellement éphémère, et  ne peut durer que le temps de vie, mieux de survie du système tribal. Ce qu’on obtient d’une médiation tribale n’est très souvent pas mérité. Et le bénéficiaire le sait. Et il sait qu’il suffit que le vent de la compétence souffle pour qu’il perde tout. Il sait que cette perte va le ramener à sa véritable condition.  Je ne veux nullement pas dire que seuls les médiocres sont tribalistes.  Des êtres intelligents et compétents peuvent l’être. Descartes nous rappelle dans son Discours de la méthode que les grandes âmes sont capables de poser aussi bien des actes vertueux que des actes vicieux. Mais une fois que des êtres intelligents s’engagent à fortifier la ceinture tribaliste, une fois qu’ils sont convaincus que c’est cette ceinture qui les protège, il est évident qu’ils ne vont plus travailler à s’améliorer techniquement, c’est-à-dire dans leurs secteurs de compétence, mais qu’ils vont s’évertuer à nourrir le tribalisme qui les maintient.

La déchéance de l’humaine condition

De façon logique, on peut considérer que le tribalisme est une négativité à la fois pour la société et pour l’individu. Pour la société parce qu’il divise la société en clans identitaires et rivaux. Pour l’individu tribaliste parce qu’il l’installe dans ce que Njoh Mouelle appelle « une civilisation de la gratuité »[23]. Il vit désormais convaincu que du fait de son appartenance tribale, il recevra tout gratuitement ; ou alors que ce qu’il a reçu gratuitement grâce à la médiation tribaliste, il le conservera toujours, du moins tant que la tribu règnera. Un tel individu, qui a tout reçu gracieusement, ne peut fonctionner que dans l’informel, dans le virtuel. C’est cette irréalité qui rend sa trajectoire existentielle malheureuse.

Le tribalisme est davantage négatif parce qu’il fait des victimes. On peut être victime du tribalisme parce que pour des raisons tribo-subjectives, on a échoué là où objectivement on devrait réussir. La victime d’une cabale tribaliste va vivre une frustration qui peut malheureusement faire de lui un tribaliste actif. Pour le malheur d’autres victimes innocentes. Seulement, comme le tribaliste est souvent sans visage, il serait dangereux de le voir partout. Je peux échouer parce que mon examinateur qui n’est pas de ma tribu a favorablement apprécié un concurrent méritant qui est de sa tribu, et l’a retenu plutôt que moi, qui suis  objectivement médiocre.  Si je considère sa réussite comme injuste en prétextant qu’il a bénéficié du coup de pouce de la tribu, je me trompe. Ici, ce n’est pas tant l’autre qui est à blâmer, mais c’est moi-même, parce que je n’ai pas été objectivement à la hauteur de la compétition. Mais pour arriver à cette conclusion, il faut que les règles du jeu soient clairement établies et qu’elles s’appliquent identiquement à tout le monde. Je veux ici mettre en évidence le fait qu’une faiblesse peut facilement se cacher sous le couvert d’une accusation tribaliste, et ainsi pousser l’incapable à voir le tribalisme partout, même là où il n’existe pas. Parce que le tribalisme, dans sa genèse et dans sa fin, divise et oppose les membres d’une même nation, il ne peut qu’être un anti-humanisme.

L’humanisme, c’est l’amour des hommes, quels qu’ils soient, indépendamment de leurs origines, de leurs cultures et de leurs races. Chez Sartre, l’humanisme signifie que l’acte que nous posons est responsable, et que cette responsabilité « est beaucoup plus grande que nous ne pourrions le supposer, car elle engage l’humanité entière »[24] L’humaniste considère l’homme comme une entité libre, détentrice d’une dignité qu’il faut respecter. Le tribalisme, c’est l’amour de certains hommes, membres de la tribu. Mal perçu, on peut penser que le tribalisme est un sous ensemble de l’humanisme, en considérant que l’amour partiel du tribalisme (la communauté des tribalistes) est une partie de l’amour total des hommes (La communauté des êtres humains), comme le montre à tort le schéma ci-dessous :

  • L’amour humaniste
  • L’amour tribaliste

Ce serait là une très mauvaise interprétation des choses.  L’amour tribaliste est essentiellement clos et égoïste, tandis que l’amour humaniste est fondamentalement ouvert et altruiste. Une telle conception de l’amour est fausse parce que logiquement, l’altruisme ne saurait ni schématiquement, ni moralement contenir l’égoïsme.

L’amour de l’humaniste s’étend à tous les hommes et par conséquent n’exclut  personne. Cet amour se traduit par une passion des hommes et par une réelle contribution à rendre positive leur aventure existentielle. Ce qui compte aux yeux de l’humaniste c’est la grandeur de l’homme, c’est la qualité ou la décence de l’acte qu’il pose, c’est la contribution de cet acte à l’épanouissement des hommes. Ici, aucune barrière ne sépare les peuples, étant entendu qu’ils partagent le même espace vital. Ils sont donc condamnés à vivre ensemble, pour le bien de tous.

Ce qui n’est pas le cas du tribalisme. L’amour tribaliste est à la fois inclusif et exclusif. Il s’agit d’un amour qui tient compte de l’appartenance ethnique. Ne sont ici aimés que les frères de la tribu. Cet amour se transforme en haine lorsqu’on est en face des membres d’une autre tribu. Pour le tribaliste, il n’y a d’humanité qu’à l’intérieur de la communauté tribaliste. Les personnes étrangères à la tribu sont des sous-hommes et méritent d’être rejetées, méprisées ou chosifiées. Ce qui est moralement  et humainement absurde.

Parce que le tribaliste nie l’humanité des étrangers à la tribu, il ne peut en réalité qu’être l’opposé de l’humaniste. De ce point de vue, il serait absurde de voir dans l’attitude tribaliste un quelconque humanisme, au sens profond de ce terme.

Conclusion

Il était question pour moi dans ce travail d’esquisser une phénoménologie du tribalisme. Cette description à permis de savoir que ce phénomène, parce qu’il repose sur la négation objectivement inexpliquée de l’autre étranger à sa tribu, est essentiellement immoral et dangereux. On ne naît pas tribaliste. On le devient par sa volonté propre où par l’initiation des autres. La quête de l’essence et du fonctionnement du tribalisme que nous avons menée n’a laissé aucune place aux querelles idéologiques essentiellement partisanes, qui tendent, dans une nation multi tribale par exemple, à établir une échelle de grandeur entre les ethnies, et à penser que certaines seraient plus tribalistes que d’autres. A l’échelle de l’éthique, il n’y a pas de grand ou de petit tribaliste. Il n’y a que des tribalistes tout court, parce que leur pratique, quelle qu’elle soit, est anti humaniste. Il n’a pas été également question pour moi de m’intéresser aux questions téléologiques du genre : peut-on mettre fin au tribalisme ? Se poser une telle question, c’est comme si on demandait s’il est possible de mettre fin au mensonge. Tant que les tribus, en tant qu’entités sociologiques existeront, le tribalisme vivra ou survivra. C’est pour cette raison qu’il importe que le combat contre ce monstre social soit fermement mené en tout lieu et en tout temps, afin de limiter ses tragiques ravages.

Dr.  T. Nya Célestin
Dla, juin 2011

Bibliographie

  • Kamto (M), 1993, L’urgence de la pensée, Yaoundé, Ed. Mandara.
  • Korkina (M), Tsivilko (M), Kossova (E), 1980, Leçons pratiques de psychiatrie,     Moscou, Ed. Mir.
  • Leyens (J-P), 1979, Psychologie sociale, Bruxelles, Ed. Pierre Mardaga.
  • Morin (E), 1990, Introduction à la pensée complexe, paris, seuil, 2005.
  • Njoh Mouelle (E), 1970,  De la médiocrité à l’excellence, Yaoundé. Clé.
  • Njoh Mouelle (E), 2007, Discours sur la vie quotidienne, Yaoundé, Afrédit.
  • Sartre (J-P), 1954,  Réflexions sur la question juive, Paris, Gallimard.
  • Sartre (J-P), 1939,  Esquisse d’une phénoménologie de l’émotion, Paris, Hermann,1963.
  • Sartre (J-P), 1946, L’existentialisme est un humanisme, Paris, Gallimard, 1996.
  • Kenmogne (E), Comment devient-on tribaliste ? in ECOVOX, no41.
  • Moukoko Priso, Vivre en harmonie. Yes we can, in ECOVOX no 41.
  • Ngnépi (H-G), Comprendre le tribalisme, in ECOVOX, no 41, janvier- juin 2009.
  • Dictionnaire universel, Hachette/Unicef, 2002, quatrième édition.
  • ECOVOX, no 41, janvier- juin 2009.
  • www.cipcre.org/ECOVOX
  • www.afriquehorizon.com
  • Wikipedia encyclopédie libre.

Notes

[1] Le Dictionnaire universel définit le tribalisme comme la « tendance à faire prévaloir l’appartenance à l’ethnie sur l’appartenance à la nation ». Il ajoute qu’en Afrique, c’est la « tendance à avantager les membres de son ethnie, de sa région ». (2002 : p.1225).
[2] Le Dictionnaire universel définit l’ethnie comme « un groupement humain caractérisé principalement par une même culture, une même langue », et la tribu comme un « groupe présentant généralement une unité politique, linguistique et culturelle, dont les membres vivent le plus souvent sur un même territoire ».
[3] Edgar Morin propose de remplacer le dogmatique paradigme de simplicité (unidimensionnalité du réel) par le paradigme de complexité (multidimensionnalité du réel). Cf. Introduction à la pensée complexe (1990),  Morin dit de la pensée complexe qu’elle est un « co-constructivisme », c’est-à-dire une polylecture du réel, une construction plurielle du réel.
[4] Ce néologisme est de moi.
[5] Sur les traces de Husserl, Sartre réaffirme que « seules les essences permettent de classer et d’inspecter les faits ». Esquisse d’une théorie des émotions (1939 : p.12).
[6] Sartre 1939 : 19. Il écrit : « Nous allons essayer de nous placer sur le terrain de la signification et de traiter l’émotion comme phénomène ».
[7] Sartre 1954.
[8] Comprendre le tribalisme, in ECOVOX, n° 41, janvier- juin 2009. Voir site www.cipcre.org/ ECOVOX.
[9] Sartre 1954 : 11.
[10] Sartre 1954 : 12.
[11] Leyens 1979 : 135. Selon l’auteur, l’effet recherché dans l’agression, étant entendu qu’elle est un instrument,  « peut revêtir des formes diverses : le vol, l’assassinat, l’humiliation, la privation d’une récompense anticipée…». P.135.
[12] Comment devient-on tribaliste ? in ECOVOX, n41.
[13]  Dans Leçons pratiques de psychiatrie, 1980, Maria Korkina, Marina Tsivilko et Elena Kossova disent des obsessions qu’elles « sont des impressions vécues qui s’imposent à l’esprit de façon répétée et incoercible. Le sujet est en proie à des idées, des craintes, des penchants, des doutes, des actes qui lui semblent ’’imposés’’. Bien que l’obsédé ait conservé autocritique de ces phénomènes et reconnaisse leur absurdité, il ne peut s’en débarrasser ». p. 26.
[14] Dans Réflexions sur la question juive,  Sartre dit de l’antisémite qu’il « est un homme qui a peur. Non des juifs, certes : de lui-même, de sa conscience, de sa liberté, de ses instincts, de ses responsabilités, de la solitude, du changement, de la société et du monde ; de tout sauf des juifs. C’est un lâche qui ne veut pas s’avouer sa lâcheté »  pp 62-63.
[15] « On ne peut pas être tribaliste sans être méchant, parce qu’on s’estime incapable et qu’on se sent jaloux », soutient Kenmogne. Cf. Comment devient-on tribaliste ? In ECOVOX no 41.
[16] Comment devient-on tribaliste ? in ECOVOX no 41.
[17] Njoh Mouelle 1970 : 65.
[18] Njoh Mouelle 1970 : 66.
[19] Njoh Mouelle 2007 : 118.
[20] Vivre en harmonie. Yes we can, in ECOVOX no 41.
[21] Kamto 1993 : 36.
[22] Kamto 1993 : 15.
[23] Njoh Mouelle 1970 : 68.
[24] Sartre 1946 : 32.
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